Contrairement beaucoup de ses paires, Bart Prince n’a jamais vraiment accepté le joug fonctionnaliste. Il préfère puiser son inspiration dans le modernisme de la première heure, celui d’un Frank Lloyd Wright, ainsi que dans l’architecture organique d’un Bruce Goff ou d’un Gaudi. Ces deux sources d’influence sont manifestes dans cette maison plusieurs fois primée : la résidence Price, commandée par Joe et Etsuko Price dans les années 80. Du bois à profusion, des vitraux comme on en fait plus, la résidence Price est sans conteste digne des plus belles demeures du créateur des « Prairie Houses ». Je vous propose de découvrir ce chef d’oeuvre du néo-modernisme conservateur.
Après la pierre radieuse de la maison de la cascade, le métal farouche de la résidence 18.36.54, le verre cristallin de la maison de Verre de Pierre Chareau, place au bois chaleureux de la résidence Price, située à Corona del Mar, en Californie (à ne pas confondre avec la résidence Price construite par Frank Lloyd Wright dans le désert d’Arizona pour Harold Price).
Le couple de collectionneurs Joe et Etsuko Price étaient bien connus pour leur goût pour l’architecture. Ils avaient déjà commandé plusieurs projets pour leur famille, à la fois à Frank Lloyd Wright et à Bruce Goff. Au début des années 80, ils décident finalement de confier la conception de leur maison à un jeune architecte qui réalise la synthèse des deux maîtres qui sont ses deux mentors : Bart Prince. La construction de la maison démarre en 1984 et durera 5 ans, avant de reprendre en 1994 pour deux ans pour ajouter une extension. Durant ces longues années, c’est une architecture virtuose qui sort progressivement de terre.
Le noyau de la maison est composé de trois modules elliptiques montés sur un axe central. Ces trois modules dessinent un sous-sol spectaculaire au sein duquel prend place une piscine. Rarement une piscine privé a été intégré avec une telle mis en scène. Au bout de la piscine prend place la véritable porte d’entrée de la maison : un escalier elliptique spectaculaire en bois.
Cet escalier mène à l’intérieur de la maison. L’atmosphère pressentie au niveau inférieur se confirme et s’amplifie à l’étage. On est loin du néo-fonctionnalisme et du minimalisme dominants, qui donnent à voir des pièces froides où dominent le vide et la blancheur. Des boiseries à perte de vue dans une mise en scène grandiose et baroque qui peut faire penser aux entrailles d’un navire d’antan. Ce baroque de bon goût est renforcé par l’adjonction de vitraux à l’ancienne, qui répartissent intelligemment la lumière en fonction de la fonction des espaces. Les pièces se succèdent dans une remarquable unité, avec partout ces poutres de bois réhaussées de palets de bois, qui font l’effet de boulons sur des poutres métalliques.
Autour les trois éléments centraux prend place une construction plus classique, revêtue de la même peau de bois. C’est dans cet espace périphérique prend place la galerie que les époux Price ont aménagé pour exposer leurs collections : des collections remarquables d’art et de design japonais, avec une prédilection particulière pour l’époque Edo.
Enfin, pour ne rien gâcher, la résidence fait face à la mer avec accès sur une plage de sable. Les époux Price ont bien de la chance.
La résidence Price en bref :
Lieu : 31, rue Saint-Guillaume, Paris VIIe arrondissement
Date : 1928 – 1931
Type de construction : béton et verre
Affectation : maison d’habitation