Une certaine gauche serait elle protectionniste .

Publié le 23 décembre 2010 par Marx


   Un article récent du « Monde » prétend qu’une certaine gauche serait , tout comme le FN , protectionniste et tout aussi antimondialiste. Ce grand quotidien entretient la confusion par un amalgame douteux avec un terme à géométrie variable, sans en préciser ni la définition, ni les contours. Protectionnisme est une définition bourgeoise accommodé à l’économie qui est utilisé pour disqualifier. Tout est dit  et il n’est pas nécessaire d’expliciter davantage, le terme se suffit. Ah ! le vilain mot à l’adresse du mauvais citoyen. La réalité est tout à fait différente et plus complexe que ne l’explique le quotidien à qui il ne manque que de définir « l’anti mondialisation primaire » et le « protectionnisme primaire » puisque ceux qui y sont opposés, le seraient au nom d’une réaction primaire.
   Le protectionnisme a toujours été une pratique des gouvernements de droite et parmi les plus réactionnaires . C’est un moyen et une arme entre les mains de la classe dominante, qu’elle utilise selon les circonstances et selon surtout ses intérêts. L’impérialisme US le pratique y compris de nos jours, lui le « chantre » de la mondialisation capitaliste , prône et impose aux autres le « libre échange ». Au nom de la mondialisation capitaliste les USA dictent les politiques économiques à toutes les autres nations , l’Europe comprise.
   Les droites et les droites extrêmes sont au service de la même classe et se retrouvent toujours dans l’évolution d’un capitalisme de plus en plus autoritaire que l’on nomme désormais le néo libéralisme. La droite extrême voudrait bien prendre le relais dans la gestion de ce que Julliard dénonce comme étant la radicalisation du capitalisme. C’est le glissement naturel du processus capitaliste vers plus d’autoritarisme et moins de démocratie. Faut il le répéter, « la mondialisation capitaliste n’est pas l’avenir de la démocratie, elle en est la fin ». Le FN utilise un thème porteur avec le ressentiment des masses, comme un bouc émissaire de tous les maux. Il est au marché de la clientèle  et à sa recherche et il trouve appui auprès d’une bourgeoisie moyenne larguée par le processus en cours. C’est celle qui n’est pas invitée au grand  banquet de la nouvelle répartition des profits, dans un monde de tous contre tous, qui n’est fait que de concurrence. La concurrence fait rage , y compris au sein de la classe dominante, Elle connaît des guerres et des conflits d’intérêts en son sein. Le FN lui propose de participer à la récolte des profits par une exploitation encore plus dure des travailleurs. Il lui faut convaincre ces vieilles couches de la bourgeoisie , qu’il est capable de lui offrir ce qu’elle convoite. C’est à la bourgeoisie nationale qu’il s’adresse et au nom de la défense de la Nation, c’est la défense  des intérêts de cette classe qu’il propose.  Le FN n’est pas un Parti anticapitaliste, il défend le système et souhaite le gérer à son tour, en faisant que les siens y trouvent leur compte en s’assurant du soutien du lumpen prolétariat, clientèle habituelle de la droite et de son extrême. Le FN veut se donner les moyens de devenir un Parti de masse dont on connaît les fins.
   La gauche mise en cause par l’article du « Monde » est anticapitaliste par définition, pourquoi serait elle pour la mondialisation du système quelle condamne et combat, ici et partout ailleurs dans le monde. L’auteur de cet article n’aurait il jamais entendu parler de l’internationalisme prolétarien, c’est aussi qu’il existe bien, peu certes mais il existe. Pourquoi voudrait on que les anticapitalistes accompagnent la mondialisation. L’anticapitalisme, c’est partout et de tous temps y compris quand le système n’avait qu’une dimension nationale. Il suffit de reprendre Jaurès pour en être convaincu, sans avoir à se référer à Marx. Les deux ont d’ailleurs bien explicité l’évolution du capitalisme à l’échelle planétaire et Lénine de dénoncer « L’impérialisme stade suprême du capitalisme ».
   Le protectionnisme de gauche découle d’une vue que voudrait imposer la classe dominante et ses alliés afin de disqualifier une gauche « ringarde , archaïque, passéiste ». Vision que voudrait faire partager l’idéologie dominante par la confusion des termes qui son propres à son économie et à son système. La classe ouvrière défend ses grandes conquêtes, les républicains veulent défendre leur modèle, mis en concurrence avec des modèles de misère. Il s’agit de défendre le nivellement par le haut et non pas comme veut l’imposer le capitalisme mondialisé, par le bas. Cette gauche veut défendre l’accès pour tous à un minimum de civilisation et repousse le moins disant social que représente la mondialisation capitaliste. Dans les facteurs de guerre Jean Jaurès en indiquait des causes par « la mise en concurrence des continents, des pays, des régions , des départements, des villes et des hommes ». Refuser la mise en concurrence ce n’est pas du protectionnisme comme l’entendent les bourgeois. L’éducation , la santé, la formation , les congés, les retraites, la sécu, le droit de grève  de réunion et d’association, ce doit être pour tous et partout. Est ce du protectionnisme que de défendre cela. Est ce du protectionnisme que de défendre l’emploi et un salaire décent, face à la baisse des salaires et des emplois tels qu’ils s’annoncent avec la mondialisation capitaliste.
   Le protectionnisme capitaliste et bourgeois, consiste à la protection de la classe dominante, de ses intérêts et de permettre d’obtenir des profits en progression constante. Les Etats servent aussi à cela , à légiférer en fonction de ces impératifs de classe. L’Etat c’est leur providence à eux. La protection du capital se fait au détriment du travail. Il y a donc , développement des luttes, les uns pour plus de profits et les autres pour défendre leurs acquis, l’emploie  et le salaire. Tout dépend de la classe à laquelle on appartient et que l’on prétend défendre.
   Il est tout à fait différent de se placer du côté du capitalisme ou des travailleurs. Mondialisation et protectionnisme n’ont pas le même goût ni les mêmes effets et ne  signifient pas forcément la même chose. Pour la classe ouvrière, l’internationalisme est une des conditions de libération et de s’opposer réellement à la mondialisation capitaliste. Pour la droite extrême c’est une forme de « poujadisme » qui tendrait a défendre « le capitalisme national » dans le cadre de la concurrence mondiale que se livrent les différentes firmes. Droite et droite extrême défendent le même système, les uns liés au capitalisme international, les autres croient encore aux firmes nationales ou voudraient les développer contre les autres. Les postulats du FN sont dépassés depuis la grande crise de 29 mais le fascisme a toujours eu une tendance impérialiste, à l’expansionnisme  et sur ce thème les USA ne font pas autrement. Jadis les fascistes italiens se proposaient de reconstruire l’Empire de Rome, les nazis, leur Europe et les franquistes la Grande Espagne sur laquelle le soleil ne se couche jamais. Ils ont leur propre modèle de mondialisation, à la condition qu’ils en soient les maîtres. Les néos libéraux ne font pas autre chose et ils en sont les maîtres, du moins ceux des USA et les autres sont tout à leur service..
   Que veulent les travailleurs d’ici pour les travailleurs d’ailleurs . De ne plus être mis en concurrence par le moins disant social, que chacun puisse bénéficier , partout, du droit de grève , d’association, de la retraite, de la santé, de la protection sociale, de l’éducation , de la formation et de la dignité. C’est un combat qui passe également par la défense de ces acquis là où il existent et de les étendre partout et pour tous. Protéger des intérêts de classe, en face c’est l’inverse et ils mènent une lutte sans merci pour tout enlever et à tous. C’est la recherche du profit maximum.
   Mêler la gauche de gauche avec le FN, c’est grotesque et caricatural. Si ce n’est pas par ignorance c’est que cela procède de la propagande primaire et nauséabonde, inaugurée déjà par les faisceaux prolétariens d’un certain Bénito Mussolini. Mentez , mentez, il en restera toujours quelque chose !
   Un journaliste du « monde » devrait ne pas être dupe des positions démagogiques qui ont toujours été celles du fascisme. Peut être que ce n’est  que dans l’intention de salir les prétentions de la classe ouvrière.