Le voyage d'hiver (Partie II)

Publié le 11 janvier 2008 par Véronique Bessard

Je vous emm??ne aujourd???hui sur les traces du h??ros de Marc Cholodenko afin de terminer, avec la seconde partie du texte de celui-ci, le voyage entam?? en d??but de semaine.
"A peine nous ??tions-nous connus qu???un long voyage nous s??para. Quand je revins, ?? sa place je trouvai une lettre. Puisque je suis parti ??? eh bien, elle aussi (elle ??tait comme ??a et je crois que c???est comme que je l???aimais).
Mais elle n?????tait pas loin. A quelques heures de train. Et pour m???aider ?? supporter ces heures insupportables, elle m???avait d??l??gu??, m?????crivait-elle, enferm?? dans une seconde enveloppe ?? l???int??rieur de la premi??re, un peu d???elle-m??me, de son odeur, de son parfum, de ??? jamais le double sens de ce terme ne fut plus appropri?? ??? son essence. (pour lire la suite cliquez ci-dessous)

Je m???interdis de d??cacheter la pr??cieuse enveloppe avant que le train ne f??t ??branl??, n???osant m???ouvrir ?? la promesse du bonheur avant d?????tre assur?? que sa possession ne pouvait plus m?????chapper.
M???ouvrir, m???offrir, c?????tait bien cela, porter ?? mes narines, enfin, ce morceau de coton impr??gn?? de l???existence subtile de l???aim??e. Pendant les quatre heures que dura le voyage, je jouai ?? m???ouvrir ?? me refermer, comme si j?????tais un livre qu???elle tenait devant elle, selon qu????? humer son parfum je m???ab??mais tout entier en la douloureuse attente, le douloureux besoin d???elle ou que, l???enveloppe referm??e et enfouie au fond d???une poche, je me retrouvais dans les ternes senteurs, la terne lumi??re, les ternes bruits de ce terne wagon de seconde filant dans la nuit d???hiver, et que j???aurais voulus encore plus ternes pour jouir d???un contraste plus violent ??? si telle chose ??tait possible.
Aujourd???hui que je sais, je comprends enfin ??? sans plus pouvoir le go??ter ??? combien rare ??tait le privil??ge qui m?????tait accord?? de pouvoir ?? volont??, par le seul moyen d???un petit bout de coton imbib?? d???un peu d???extrait, aller et venir de la f??licit?? la plus totale ?? la plus commune et morne des quotidiennet??s.
Novice que j?????tais alors de l???amour, et de la vie, je fis comme tout le monde et laissai passer sans m???en apercevoir les heures les plus heureuses de ma jeunesse. A l???extr??mit?? de la ligne l???histoire de notre amour commen??ait, c???est-??-dire que notre amour commen??ait de vivre et donc de mourir. Jamais plus ce parfum ne serait aussi v??ritablement elle qu???en ces heures o?? elle n?????tait pas encore l?? et o?? elle fut pourtant, par magie d???une senteur, plus proche et plus r??elle et plus aim??e qu???elle ne le serait jamais."
Le voyage d'hiver
Marc Cholodenko