L'odeur des confitures

La gourmandise avec la curiosit?? est une autre grande qualit??. Les gourmands, parfois, sont aussi un peu malicieux??? Ce texte de Georges Duhamel l???illustre bien??? Je vous laisse savourer :
?? Le jour que nous re????mes la visite de l'??conomiste, nous faisions justement nos confitures de cassis, de groseille et de framboise. (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)

L'??conomiste, aussit??t, commen??a de m'expliquer avec toutes sortes de mots, de chiffres et de formules, que nous avions le plus grand tort de faire nos confitures nous-m??mes, que c'??tait une coutume du moyen ??ge, que, vu le prix du sucre, du feu, des pots et surtout de notre temps, nous avions tout avantage ?? manger les bonnes conserves qui nous viennent des usines, que la question semblait tranch??e, que, bient??t, personne au monde ne commettrait plus jamais pareille faute ??conomique.
Attendez, monsieur! m'??criai-je. Le marchand me vendra-t-il ce que je tiens pour le meilleur et le principal?

Quoi donc? Fit l'??conomiste.

Mais l'odeur, monsieur, l'odeur! Respirez : la maison toute enti??re est embaum??e. Comme le monde serait triste sans l'odeur des confitures!
L'??conomiste, ?? ces mots, ouvrit des yeux d'herbivore. Je commen??ais de m'enflammer.

Ici, monsieur, lui dis-je, nous faisons nos confitures uniquement pour le parfum. Le reste n'a pas d'importance. Quand les confitures sont faites, eh bien! Monsieur, nous les jetons.
J'ai dit cela dans un grand mouvement lyrique et pour ??blouir le savant. Ce n'est pas tout ?? fait vrai. Nous mangeons nos confitures, en souvenir de leur parfum ??.
GEORGES DUHAMEL, Fables de mon Jardin(7??me ??dition, Mercure de France, Paris, 1936)