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Max | Billie et moi

Publié le 23 décembre 2010 par Aragon

la-rochelle22.jpgLe pont de Queensboro darde ses poutres d'acier noir vers un ciel incertain. Ferrailles tordues, chicots putrides. Où es-tu Amérique ? Tu n'as jamais existé qu'en rêve. Tu n'es  au fond qu'une île, qu'un pont de ferraille enjambant des eaux sombres. East river, ton coeur glauque charrie encore les pétales épars d'un gardénia pilé. East river, tu accroches tes berges aux lèvres mortes de Billie...

Je sais qu'il ne faut rien prévoir du temps qu'il fera demain, s'habiller simplement, enfiler cependant un lourd manteau inconsistant de drap bleu. Un manteau de circonstance. Un manteau de mystère je devrais plutôt dire... Ha ! Ha ! Je me marre, je ris de moi, je me vois divaguer, me sens la jouer  pathétiquement, presque Marlowe... Ha ! Ha ! Trop nase le mec...

Mais c'est pas tout, je sors, je vais marcher. J'ai froid aujourd'hui Billie, j'ai froid de toi, j'ai froid de moi, j'ai froid de ce monde qui s'offre en paillasson sous mes bottes. L'impression d'être important, d'exister. Foutaises !  L'impression d'être important, aussi haut que les immeubles de Manhattan. Foutaises ! Mais vivre, exister, avancer, toucher. Oui, c'est ça, toucher...  Accrocher un nouveau gardénia dans tes cheveux.

Je marche dans ma vie sans savoir, sans rien savoir du lendemain. Quelques arpèges tracent la voie,  fracassent le silence, me servent de canne blanche. Je vois pourtant, je crois voir ce qu'il se passe à l'extérieur, mes volets sont grands ouverts sur un foutu jour qui ne se lève pas encore. Je marche, je passe ma vie à marcher, à chercher.  Soulever le couvercle de poubelles joyeuses. Chercher la perle rare dans toute cette merde.  Cette nuit. Chercher. Chercher  et trouver, un jour, un jour prochain, avant de sauter le pas...

Ne jamais faire marche arrière, tu me l'as dit Billie, tu me l'as dit un soir où nous étions tous les deux ivres. Je t'écoute ma soeur, putain, que tu es loin, j'entends à peine ta voix à présent, elle n'est plus qu'un murmure...

Je marche. C'est bon de marcher. J'ai l'habitude de marcher seul. Je redresse le col de mon manteau, le jour s'est levé à présent, je caresse sur la manche droite un rayon de soleil du jour naissant qui vient de s'y poser dessus. "Salut toi, qu'est-ce que tu fous ici, sur mon bras ?", "Je passe" me répond-il, "Je passe"...

"Ah ! Bon, passe... mais ne t'accroches pas trop..."

Je marche dans les rues de ma vie, je n'entends plus ta voix Billie, pourtant je sais que tu es là. J'ai du pain sur la planche pour trouver le chemin, du bon pain de vie malgré moi, malgré tout. La vie Billie, oui, je sais tu m'as déjà expliqué tout ça, ce fameux soir où nous étions bourrés... Y'a rien que ça qui compte,  c'est si précieux, mais toutes ces nuits Billie, toutes ces nuits... Ok, ok, Billie, je te reçois cinq sur cinq sister, même si je n'entends plus ta voix, je te reçois...


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