21/12Rendez-vous chez le coiffeur. Je n’ai pas de salon de coiffure attitré. J’aime changer pour ne pas prendre des habitudes et rester une cliente quelconque. La jeune femme me demande « vous êtes en vacances ? ». Nos regards se croisent par le jeu du miroir. Avec cette question, elle m’offre la possibilité sans le savoir de m’inventer une autre vie le temps de quelques minutes. Je peux dire ce que je veux. Mentir, fausser la réalité. Une question simple qui prend l’allure d’une perche tendue vers d’autres existences. Je réponds « oui » mais je ne soutiens plus son regard. J’ai baissé les yeux…Fin de la conversation.
22/12Comme chaque année, le marché de Noël occupe la place de la liberté. Baraques en bois et vendeurs de barbe à papa et autres douceurs sucrées. Des chapelets de famille sur trois générations, des grappes d’ado parsèment la place dans le grincement métallique des manèges. On y vient pour croquer des pommes d’amour, bouches rouges et poisseuses, ou tout simplement pour flâner. Mais les enfants sont là pour le père Noël. Juste avant de gagner mon arrêt de bus, j’observe un couple et son petit garçon qui s’y rendent. Avant de s’enfoncer dans cette masse joyeuse, le petit garçon s’arrête. Il glisse sa main de celle de son père et court vers le père Noël. Un père Noël en bon uniforme et qui de surcroit joue de l’accordéon. L’enfant le regarde, admiratif. Le père arrive et lui dit « non, ce n’est pas le vrai père Noël ». Les mains continuent de jouer des notes qui s’envolent dans le ciel. L’enfant ne semble pas comprendre. Le père insiste « regarde, le père Noël est là bas ». Tous les trois rejoignent le marché de Noël. Prendre une photo de son enfant devant ce père Noël ? Non mais, n’y pensez- pas ! Un père Noel qui flotte dans son costume. Pas de ventre rebondi ou de joues rouges mais des pommettes saillantes et un regard perdu dans le vague. Hors de question ! Sans compter la coupelle en fer usée où quelques pièces de monnaie gisent….Ca ferait désordre dans l’album de famille.