Jean-Martin Charcot n'est pas qu'un rigolo. Son disciple Freud lui a payé son ardoise dans les Cinq Leçons (1909). Quand même, Charcot, en initiateur du surréalisme, s'offrait le luxe de donner son théâtre d'ombres, de satrapes et de chimères dans un vrai hôpital, La Salpétrière, devant des publics avertis de scientifiques, médecins, rentiers et originaux. Son barnum annonçant Mélies et culminait dans des représentations SM : il maltraitait de diverses façons, positions inconfortables, longues aiguilles enfoncées là où ça fait mal, humiliations en public des patient(e)s, surtout des femmes, au motif qu'ils ou qu'elles étaient un peu zinzins, les femmes en particulier. Pour arriver à ses fins (on drague comme on peut), le Professeur Folamour pratiquait l'hypnose, comme ça il était tranquille. Les femmes étaient soit frigides, soit hystériques et je n'ose raconter par où elles devaient passer pour atteindre la célébrité dans son cirque porno-chic.
J'ai trouvé sur internet des photographies pires que celle montrée ici, mais celle-ci, je l'aime beaucoup, car on y discerne parfaitement le vice affiché et la lubricité délirante. Visez le regard, admirez le rictus, on a affaire à une véritable hystéro, un beau spécimen de salope...
Personnellement, j'aime bien les fous, les freaks, les allumés de service, les invertis du lobe, les en cours de finition mais qu'on a laissés dans un coin de l'atelier sous une bâche. Pas trop les fou-furieux, mais les dingues poétiques et doux. Quand elle sort son album Brigitte Fontaine est folle, tout le monde est persuadée que Brigitte Fontaine est folle, enfin, ceux qui l'ont écouté(e). J'espère pour elle qu'elle le fut, car dans un monde raisonnablement insupportable, dominé par des salauds calibrés, un petit grain de folie, une petite poussière qui a trouvé refuge dans un fouillis de synapses mal rangés, aide à résister. Dans le titre que je vous propose, elle est aidée dans sa dingophilie par son pote Jacques Higelin, lui-même assez travaillé par les bestioles cosmiques qui musclent les trous du cerveau. J'aime vraiment.
Pour mieux découvrir Brigitte Fontaine, vous pouvez écouter l'album cité, ICI, Personnellement, l'album que je préfère est Je ne connais pas cet homme (4ème album), avec son compagnon Areski qui me plonge dans un demi-sommeil hypnotique (merci Charcot) doux et benêt.