On Strike !
Le volume II « tant attendu » de Heroes s’est enfin achevé sur NBC. La grève des scénaristes et cette totale paralysie provoquée au sein du monde sériel a, sous l’angle d’Heroes, une étrange dimension. Si les réjouissances ne sont décemment pas de rigueur, il faut reconnaître qu’un quelconque soulagement en cas de non-reprise de la série cette année ne serait pas inenvisageable.
Une suite logiquement désastreuse
Cette année, Heroes a en effet connu quelques grandes traversées du désert et de grandes remises en question. Si le milieu de la saison inaugurale faisait déjà l’objet de nombreux doutes et de certaines inquiétudes concernant la qualité du show, ce début de seconde saison a entériné la donne. Détestable, ennuyant, rasoir, soporifique ; voici quelques adjectifs qui ne manquent pas de décrire ce joli retour, désolant, aberrant et consternant sont ceux qui manifestent le manque incroyable de remise en cause de la part de Kring et son équipe de scénaristes.
Rater de manière sensationnelle son season finale était une chose, attaquer un second volume sans réelle réponse, ouvrir le champ à de nouveaux personnages sans intérêt et créer d’énièmes storylines sans cohérence à l’égard des personnages stars du show en est une autre. Ainsi le début de la saison s’est brillamment ouvert à travers le périple d’Hiro au Japon en 1621, la découverte de Peter à Cork en Irlande et la nouvelle vie secrète des Benett en Californie.
Autant le dire tout de suite, les premiers épisodes sont mauvais voire médiocres, le monde extraordinaire des héros ennuie officiellement et ce, fermement. Devant tant de scènes convenues et peu inspirées, on se demande comment il y a maintenant un an, nous étions tombé sous le charme d’un Hiro drôle et pétillant, d’une Claire détonnante et d’un Peter attachant. Un an après, les personnages ne sont qu’une caricature d’eux-mêmes ; frôlant le sur-jeu, les mimiques insipides et les erreurs manifestes d’interprétation, ces quelques personnages clés du show déçoivent et ne comblent vraiment pas les lacunes de la série.
De plus, ce qui agace avant tout, c’est le fait que de nombreuses questions issues de la première saison restent en suspens, aucune ébauche de réponse se semble vouloir être apportée ; de grossières contradictions sont aussi mises en lumière sans aucune gène de la part du showrunner.
Un arc prenant, de nouveaux héros attachants et un mea culpa anecdotique
Après quelques épisodes de lente introduction, difficilement visionnés, la mission d’Hiro conclue, une Claire moins idiote et plus colérique et un Peter de retour, la série s’est peu à peu relevée et a établi plus ou moins subtilement son premier arc tout en attirant l’intérêt. En filigrane, le succès en moins, les critiques acerbes en plus, Kring a été contraint de s’excuser publiquement et de rectifier le tir. Celui-ci n’a peut être pas été véritablement ciblé, il permit cependant de rythmer l’ensemble et de mettre en pause certaines storylines secondaires sans intérêt.
Le virus Shanti et la compagnie ; en voilà un sujet qui pouvait paraître intéressant. Finalement, Tim Kring a décidé de le placer en premier plan et d’introduire un « pire que Sylar » désirant assassiner les pères fondateurs de cette étrange compagnie.
Malheureusement, adepte de la dichotomie Bien-Mal, il est parfois difficile de cerner qui est qui, qui fait quoi et pour quelle cause ? Ouf, on est sur Heroes, contraint de voir ses exigences à la baisse, on tente tant bien que mal de se débrouiller seul. Benett, Maman Petrelli, Bob, Papa Parkman ont fondé il y a trente ans une compagnie secrète ayant pour mission de sauver le monde. On s’en contentera donc.
Grâce à eux, on découvre alors toute une société organisée autour de ces gens extraordinaires. En filigrane, c’est l’occasion de retrouver notre chère Kristen Bell. Bien que méritant mon admiration éternelle pour son rôle de détective futée pendant 64 épisodes de réel plaisir, ici Kristen Bell se la joue pétasse et « daddy issues ». On nous l’avait décrit comme sexy et mystérieuse. On ne trouve qu’un personnage qui manque cruellement de fond, attirant plus la pitié que l’attention masculine. La voir demeure un sacré atout pour Heroes, tout comme l’entendre narrer les histoires futiles des Upper East Siders.
En outre, s’il y avait quelque chose d’agaçant l’an passé était bien l’introduction sans cesse de nouveaux héros dans le paysage du show, une perpétuelle accumulation rendant toujours plus flou le propos de la série ; cette année, faute de réelles qualités procurées par les anciens, les nouveaux visages ont été un véritable atout pour la série ; d’une part par les quelques personnalités inspirées de ces nouveaux caractères, tels le frère et la sœur mexicains, ou Monica et le nouveau milieu familial de Micah et d’autre part, par la découverte de leurs pouvoirs, davantage originaux et recherchés que ceux de leurs confrères bien connus. Parce qu’il est vrai que, pour une série centré sur les héros, consacrer le vol, l’invincibilité, l’arrêt du temps comme pouvoirs principaux, cela manquait franchement de saveur. Cela aurait du mettre la puce à l’oreille.
Une fin haletante, des morts en pagaille, quid de la profondeur de la série ?
Sur Heroes, les storylines ont toujours été traitées à la va-comme-je-te-pousse, ce fall season ne fera donc pas exception.
Cependant, à l’instar du désastreux season finale du premier volume, ce fall season peut se vanter d’une chose que la fin de la saison inaugurale d’Heroes a cruellement manqué : une vraie dynamique. Le virus Shanti est sur le point d’être acquis par l’inoffensif Adam Monroe et son stupide acolyte Peter Petrelli.
En conclusion, si la critique de ce volume est moins acerbe que celle établie à l’occasion du premier, c’est sans l’ombre d’un doute, en raison d’un nombre limité et sage d’épisodes.
Retrouver nos amis les héros manquait cruellement de piment et d’intérêt, la série avait fini par s’essouffler si rapidement qu’un goût désagréable et terriblement frustrant était plus ou moins permanent dès le premier tiers du volume un.
Dans ce second volume, les choses ont pris une tournure inattendue : les histoires ont pris leur temps. Cependant, cette gestion du temps n’a réellement rien permis car de là, rien n’est apparu, à part un ennui mortel. La série s’est ensuite relevé et a fini par balancer quelques épisodes dignes d’un vrai blockbuster douteux. Si la qualité n’est pas une problématique à se poser concernant Heroes, il faut alors se contenter du spectacle, sans s’interroger sur la suite des évènements.
Au final, Heroes est un vrai divertissement, loin d’être palpitant ni passionnant, il sait cependant attirer l’attention en servant quelques épisodes rythmés et sagement menés. Malheureusement, ceux-ci ayant été une fois encore une minorité, ce sentiment d’agonie et de frustration demeure encore.