Censuropedia

Publié le 22 décembre 2010 par Tudry

« A propos de la suppression ou modification de centaines d'articles autour du réchauffement climatique sur Wikipédia. »

La démocratie, ou, à tout le moins le processus démocratique veut et vise le bonheur de l'homme. Plus précisément, le bonheur de chaque homme. Volonté pleine de bonnes intentions qui ne peut que dériver vers l'individualisation outrancière. A une vision sans oeillères il est aisée de découvrir quotidiennement comme les individus, nécessairement divisés, dont le but est le bonheur aisé, en viennent à placer, démocratiquement et librement, des despotes à leur « tête ».

L'encyclopédie électronique participative Wikipédia est d'essence démocratique, à la fois collectiviste et individualiste. Comment s'étonner dès lors que ses aficionados accompagnent et, parfois, devancent le mouvement unanimiste de la gouvernance mondiale, en particulier dans sa tendance, lourde, écolo-environnementale ?

Selon le penseur russe Konstantin Léontiev, la quintessence du telos démocratique était l'uniformité, le refus de toute différenciation qualifiante et l'archétype de cette uniformisation était le « petit-bourgeois » européen. Or, à quoi assistons-nous avec le modèle onusien de réglementation mondiale des gaz à effet de serre et autres lois d'exceptions à vocation humanitaire planétaire ? La planification à base raciale comme celle à base sociale ont échouées, celle, à base financière libérale bat de l'aile, nous voici donc passé à l'ère de la planification environnementale ! Ce que voulait imposer « Copenhague » ce n'était rien d'autre qu'un mode de vie identique à l'échelle planétaire, mode de vie identifié pleinement au consumérisme utilitaire mais, désormais, pompeusement vêtu des ornements éthiques du « bio-écolo-citoyo-équitable » !

C'est cette volonté, idéologique avant que d'être politique, qui explique le besoin de censure. C'est cette volonté, cette philosophie du bien général et abstrait, qui autorise le rejet du côté de l'inhumanité de tous ceux qui pourraient ne serait-ce que poser une question sur le bien-fondé de telle ou telle approche, sur la pleine exactitude de telle mesure, de telle donnée scientifique.

Ce que révèle surtout, et en profondeur, cette « triste » affaire c'est que les deux « camps » s'orientent, quant aux moyens, finalement, de la même façon quand bien même dans deux directions en apparences opposées.

Ceux qui veulent surtout la croissance, l'expansion, l'économie, l'industrie, et qui acceptent comme un mal nécessaire une dose d'écologie (mal qui pourrait même s'avérer finalement très fructueux dans certains « secteurs »), le font avec pour but ultime le « bien général » (le leur avant tout, certes, mais avec, présent à l'esprit, que, plus ils en auront plus tous les autres auront de miettes et geindront d'autant moins fort...) et dans l'arsenal de leurs moyens nous avons l'habitude, fermement établie désormais, de trouver le secret, la manipulation, le mensonge, la demi-vérité, la contre-vérité, le cynisme, la mauvaise foi...

Ceux qui aujourd'hui, philanthropes en diable, veulent, à tout crin, que tout aille très mal et que l'homme, qu'ils aiment amoureusement, soit, évidemment, coupable (de préférence blanc, bourgeois, occidental, mais le même, ouvrier ou chômeur ou chinois fait bien l'affaire aussi...), ceux-ci furent, toutefois, élevés en batterie dans le carcan-cocon de ceux-là mêmes qu'ils dénoncent (leurs pères en fait, ou leurs frères aînés...). Il n'est donc rien que de très, très, logique dans l'utilisation ingénieuse, par eux, du stock des moyens appartenant à leurs aînés...

Le fait qui nous occupe aujourd'hui le démontre admirablement et y pose, enfin, une lumière un peu plus crue...

L'argument est très vieux et très connu : « la fin justifie les moyens ». En outre, l'écologisme ou plus exactement l'éco-catastrophisme climatique est « sotériologique » mais, se fondant « sur », et ne reconnaissant « que », la « nature » pour norme il est tout à fait logique qu'il se soit débarrassé de toutes considérations, sinon morales, disons « éthiques » (1) ! Expurger des textes de tous les éléments non-conformes à une vérité que l'on nomme unilatéralement « science » est une pratique qui en rappelle bien d'autre.

Le même procédé, la mise en « conformité » de millier d'articles, pourrait aisément s'imaginer aujourd'hui appliqué à des articles sur le communisme. Dans son livre sur-puissant, La Pensée Captive, Milosz nomme le communisme la « nouvelle foi ». Malgré l'actuel travail de quelques uns visant à redorer les « lettres de noblesse » de l'assassine idéologie idyllique, il s'avère que c'est bel et bien l'écologisme qui mérite de se voir nommer ainsi : la nouvelle foi !

Comme toute « idéologie » moderniste l'écologisme (ou éco-catastrophisme) affirme une vérité « objective », comme toute idéologie moderniste elle se veut et se sacre « science ». Or, pour reprendre, l'excellente idée de Nicolas Berdiaev, l'une des conséquences de la Chute c'est l'objectivation de ce monde, objectivation qui, précisément, résulte des prétentions prométhéennes des sciences modernes qui, en réalité, ne sont qu'autant de divisions individuelles, voire individualistes de la vérité. Et science moderne et démocratie marchent de conserve. La démocratie, qui devait être l'expression véridique et pacifique du plus grand nombre (base de la pratique wikipédienne), offre, finalement, par procuration, à des individus (qui sont alors plus démocrates que les autres) le droit de dire la vérité. Et ce processus qui mène de la démocratie à la pratique totalitaire abouti à une pensée qui ne discrimine plus - ce qui laisse encore une place, ténue, mais une place tout de même, à d'autres expressions de la vérité - mais élimine purement et simplement, supprime (d'un clic) tout ce qui n'est pas conforme à sa norme !

Nouvelle foi, nouvel unanimisme, nouveau conformisme... cette manipulation de taille fait figure de « preuve », que ceux qui ont des yeux et des oreilles le comprennent enfin !

(1) Pour être plus précis et ne pas sembler nous contredire, notons qu'il s'agit moins, pour ces activistes « équitables » d'une suppression pure et simple de tout éthos que de la réduction de l'éthique à leur sphère propre, l'urgence (décrétée par eux, du reste) demeurant l'alibi ultime de cette reductio.