Depuis quelques semaines, Wikileaks fait couler beaucoup d’encre. Il faut dire qu’entre les multiples révélations des télégrammes diplomatiques américains et les déboires judiciaires de Julien Assange, le fondateur du site, les médias ne savent plus où donner de la tête. Wikileaks suscitent non seulement des débats politiques passionnés : démocratie ou raison d’Etat ; transparence totale ou atteinte à la sécurité des nations, mais ces révélations ont également un impact sur les entreprises.
En effet, les fuites sont devenues une préoccupation de plus en plus importante pour les patrons. Les risk managers sont confrontés à des problématiques nouvelles. A ce titre, J.Assange a d’ailleurs déclaré que le « Big Business » était une de ces prochaines cibles. L’information est réellement, à l’heure actuelle, un bien à part, et il peut être très tentant de déstabiliser ou de décrédibiliser un concurrent en faisant « fuiter » des informations internes. Sans tomber dans la paranoïa, on peut imaginer sans trop de difficulté les conséquences qu’aurait une guerre de l’information entre grandes banques par exemple.
Les pratiques de Wikileaks n’ont pas seulement mis à mal la diplomatie traditionnelle, mais à plus ou moins long terme c’est l’ensemble de la gestion de l’information en interne par les Etats et les entreprises qui va devoir être complètement revue. On peut même se demander si cette volonté de tout révéler au grand jour ne va pas être à l’origine de comportements ultra-sécuritaires, visant à contrôler au maximum les flux d’informations. Cela pourrait finalement déboucher sur l’inverse de l’objectif de départ, à savoir une restriction des libertés d’expression et de communication et donc à un affaiblissement de la démocratie.
Il ne s’agit pas pour autant de nier l’intérêt de l’investigation journalistique. Il est essentiel que la presse ait la capacité d’enquêter sur le pouvoir. Le vrai travail journalistique a ainsi permis des révélations sur ce qu’il se passait dans la prison d’Abou Ghraib ou bien encore mis au jour des scandales comme le Watergate. Reste qu’on ne peut pas tout « balancer ». Pour être efficace, le travail des diplomates doit rester relativement confidentiel. Il en va de même pour ce qui est des données sur les entreprises. La confiance est essentielle à un bon fonctionnement interne. Un climat de défiance, de suspicion serait totalement contre productif. Une économie « Big Brother » est tout sauf souhaitable ! En un mot, c’est l’industrialisation du système de fuite qui pose problème, car avec le net, tout cela à immédiatement une portée mondiale…
M.B