Ce commentaire, je l’ai lu sur le site web d’un journal de Memphis, au Tennessee. Cet État patauge dans la crise, comme le reste des États-Unis. Les gens ont besoin d’emplois. Désespérément.
La ville de l’Assomption l’a appris à ses dépens. Son usine d’Electrolux déménage à Memphis. Plus de 1.200 emplois disparaîtront d’ici deux ans.
Le Tennessee a donné à Electrolux 150 millions (en incluant des terrains presque donnés). Pour quoi ? 1.200 emplois à $13,50 de l’heure. C’est cher payé. Avec cette somme l’État aurait pu dire non à Electrolux, et payer le même salaire à 1.200 citoyens pour qu’ils restent chez eux et jouent au Xbox pendant quatre ans et demi…
Et dans quatre ans et demi, qui dit qu’Electrolux ne va pas se pousser au Mexique ?
Surenchère ridicule
Québec a dit non à cette surenchère. Bravo. Personne ne gagne à ce jeu, à part les multinationales qui font du chantage. D’ailleurs, on apprenait vendredi dernier que Pratt & Whitney, quatre jours après avoir reçu $300 millions des contribuables canadiens, jette à la rue 70 travailleurs. Ç’aurait été quoi si on leur avait donné un milliard ? Ils auraient mis la clé dans la porte ?
Ne soyons pas dupes. Les entreprises que nous subventionnons aujourd’hui ne vont pas se gêner pour déménager une part croissante de leur production là où ça coûte moins cher. Pensez à Bombardier et ses usines à Querétaro, au Mexique. D’ailleurs, le gouvernement québécois avait donné 4,5 millions à Electrolux il y a deux ans pour son usine à Lanaudière. Et aujourd’hui, Electrolux se pousse.
Comment survivre
Chaque année au Québec, 90 % des nouveaux emplois se créent dans les PME. Beaucoup dans le secteur manufacturier. Si on refuse de jouer le jeu des subventions, comment faire pour garder les emplois ici ? Il n’y a pas 36 solutions. Les entreprises doivent réduire leurs coûts.
L’État peut les aider. D’abord en réformant les programmes de subventions aux entreprises. Pourquoi ne pas utiliser ces milliards pour baisser les impôts de toutes les entreprises, petites et grandes ? De cette façon, fini les chouchous des politiciens. Tous en profiteraient également, incluant les PME qui travaillent dans l’ombre.
Attaquons-nous aussi au fardeau fiscal qui étouffe nos PME. En plus de leurs impôts, chaque année les entreprises payent 15 milliards en taxes sur la masse salariale (cotisations d’assurance parentale, de CSST, régie des rentes, assurance-emploi, fond santé, etc.)
C’est 25% de plus que la moyenne des entreprises canadiennes. Et beaucoup plus qu’aux États-Unis. Pourquoi ? Parce qu’au Québec, on aime se payer de beaux programmes sociaux. Et comme ces programmes coûtent toujours plus cher, les taxes que doivent payer nos PME augmentent chaque année. Et ça finit par miner leur compétitivité.
Le danger : l’État boulimique
De nombreuses études l’ont démontré : des impôts bas — autant pour les entreprises que pour les individus — attirent les investisseurs étrangers beaucoup plus que les subventions.
Mais pour baisser les impôts, il faut que l’État dépense moins. En ce moment, c’est l’inverse qui se passe. Le gouvernement gaspille sans compter. Et à cause de ça, il devra nous taxer davantage, ainsi que nos employeurs, dans les années qui viennent.
Le choix est simple : on continue de vivre au-dessus de nos moyens, on continue de s’endetter pour se payer des programmes dont les coûts explosent chaque année — assurance parentale, garderies à $7, monopole de santé étatique, subventions aux multinationales —, ou bien on vit selon nos moyens. Et on aide nos entreprises manufacturières à être compétitives dans les années difficiles qui s’annoncent.
Et on pourra peut-être garder les Electrolux de ce monde ici.