Il y a quelques mois, un guide de montagne du canton de Gruyère s'est fait connaître comme le "scieur de croix". La Suisse était en pleine polémique sur les minarets... L'initiative a suscité pas mal de commentaires, on l'imagine facilement. L'un se souvient de l'installation à l'entrée du canton de Fribourg sur l'A9 d'une croix considérée comme particulièrement dangereuse, les croyants risquant de lâcher le volant pour se signer, les athées pour lui adresser un bras d'honneur ! Malgré quelques attaques physique (sciage, incendie...), elle serait toujours en place. Un autre déplore davantage la publicité dans l'espace public et émet le souhait de la voir disparaître : "Que la pub reste à l'intérieur des temples du dieu argent !"
Les croix sont utiles avance un autre : comme porte-manteaux durant le pique-nique. Le geste du guide de montagne donne des idées comme celle de démonter les pyramides ou les chörten bouddhistes. Hélas, cela a déjà été fait : les Bouddhas géants de Bpamiyân détruits par les Talibans.
Ces croix semblent relativement récentes. Certes, celles que Charles VIII a fait ériger au Mont Aiguille l'ont été au XVème siècle mais la plupart datent du XXème. Denise Sonney a distingué cinq types : les croix "mission", érigées à l'occasion d'une retraite par des fidèles, les croix "hommage" honorant des disparus, les croix "fraternité" qui célèbrent un groupe (des scouts par exemple) et pour finir, les croix "protectrices". Les édificateurs ont quelque peu faibli mais n'ont pas renoncé. Une fondation des Croix aux sommets est née en 1993 dirigée par un ancien militaire, fervent catholique, compte à son actif l'installation d'une croix sur le point culminant des Alpes bernoises (4 274 mètres) et sur quelques autres sommets élevés. Le plus surprenant est que les communes donnent volontiers leur autorisation. La téléphonie mobile et ses antennes relais suscite davantage d'oppositions.
photos : Vercors, sommet de la Montagnette ; Aneto