Comme d’autres lieux de La Rochelle, la Lanterne est un palimpseste... Et pour parler comme Proust, une « lanterne magique »... Elle a porté plusieurs noms, révélateurs de drames et de violences diverses. Tour du Garrot, (pour garroter les canons des navires), Tour des Prêtres (prêtres égorgés et précipités à la mer), Lanterne...
Le cœur de la Lanterne rougeoie encore de ces histoires de passion imaginaires, à travers les drames croisés de Héro et Léandre, de John et Fiona... Violence du sang rejoint violence du cœur dans le même flamboiement... La Lanterne est aussi appelée « Tour des Quatre-Sergents » et porte en ses murs le souvenir de rebelles conspirateurs, emprisonnés là après avoir mis en cause le régime.
Au XIX° siècle, le Romantisme prend des formes diverses, passion amoureuse, passion du rêve, passion politique... Ainsi, l’Histoire raconte que, sous la Restauration, les idées subversives embrasaient le Quartier latin et que la garnison parisienne à laquelle appartenaient les « quatre sergents » réputés pour leur insoumission, avait été transférée en 1821 à la Rochelle.
On pourrait très bien rapprocher ces quatre sergents des personnages de Marius Pontmercy, Julien Sorel, Enjolras, ou « Amis de l’ABC » décrits par Hugo dans « les Misérables »... Ces « enfants du Siècle » de Musset ont la tête qui résonne encore de l’épopée napoléonienne et de l’espoir révolutionnaire... Plutôt que de courber l’échine, ils choisissent la voie désespérée de l’affrontement radical... Et allument le fagot dans la tour de la Lanterne !