Faut être sacrément culotté ! Et dénué de toute éthique. Si je n’avais été assise, j’en serais forcément tombé à la r’bidaine en lisant ce titre alors que je cherchais tout autre chose sur Europe 1 “Gbagbo ne sera jamais un dictateur”. Bien évidemment, j’ai voulu savoir qui avait pu proférer pareille connerie. Je ne suis pas déçue du voyage.
Il paraît que ce petit monsieur, Bernard Oudin – un Français ! – serait socialiste et conseiller (très) spécial de Laurent Bgagbo. Grand bien lui fasse. Des socialistes comme ça, je vous en fais un tous les matins et je tire la chasse. Il ne vaut guère mieux que certains des éléphants – ça trompe énormément – qui continuent à soutenir Laurent Bgagbo au prétexte qu’il appartiendrait à l’Internationale socialiste. Lire à ce sujet les articles de Thomas Hofnung - envoyé spécial à Abidjan - Le PS déchiré sur le cas Gbagbo (Libération du 27 nov. 2010) et Laure Equy Côte-d’Ivoire: le PS est-il ambigu ? (Libération du 6 déc. 2010). Ben, voyons ! Laurent Bgagbo est à peu près aussi socialiste que je suis la Papesse Jeanne.
«Bgabo ne sera jamais un dictateur» ? Cela fait belle heurette qu’il l’est ! Qui ne se souvient qu’il a foulé aux pieds les Accords de Marcoussis (avec les forces rebelles du Nord) signés en 2002 ? Qu’en novembre 2004, il lança une offensive contre les villes rebelles de Bouaké et Korhogo. Que le 6 novembre 2004, des bombardements - très certainement délibérés - effectués dans la prétendue «zone de confiance» entre les deux armées belligérantes firent 9 morts parmi les soldats français de la force «Licorne»… Comme quoi, l’on peut être aussi bien cocu avec une seule corne
Si vous y ajoutez les très graves soupçons pesant sur le clan Bgagbo s’agissant de la disparition - et l’assassinat probable - du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer qui, si ma mémoire est bonne, enquêtait à Abidjan – capitale économique - sur la filière du cacao de la Côte d’Ivoire et avait mis à jour des malversations. Qui Bono ? Laurent Bgagbo fait partie de la très grande famille - de nombreuses ramifications en France - des “Paricy-L’Oseille”.
Pas dictateur ? Il faudrait donc que Bernard Oudin m’expliquât comment un si bon démocrate - dont le mandat expirait en 2005 - est parvenu à se maintenir au pouvoir cinq ans sans élections, même pas truquées. Parvenant toujours, au grand dam de la communauté internationale, à les repousser aux calendes grecques. Et à truquer les résultats quand elles eurent finalement lieu. Jusqu’au bain de sang ?
Monsieur Bernard Oudin, si vous aviez quelque intelligence, vous l’emploieriez mieux à rappeler à Laurent Bgagbo que lui-même eut en octobre 2000 tout autant de difficultés à faire reconnaître qu’il était vainqueur des élections face à un autre dictateur, le général Robert Gueï qui s’était emparé du pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat le 24 décembre 1999. Joyeux Noël !
Pauvre Côte d’Ivoire ! Franchement, elle mérite mieux qu’une sorte de Général Tapioca pour conseiller de Laurent Bgagbo…