Julie-Marie Parmentier : un nom qui n’évoque rien au commun des mortels. Et pourtant. Ado hilarante chez Lvovsky (La Vie ne me fait pas peur), incestueuse terrifiante chez Denis (Les Blessures Assassines), arriérée maléfique chez Chapiron (Sheitan), nouvellement pensionnaire de la Comédie-Française, elle n’est rien moins que l’une des meilleures actrices de sa génération. Zabou Breitman, réalisatrice sensible et dont le talent n’est plus à prouver, la sort de l’ombre, ici, lui offrant ce rôle en or, opportunité pour l’actrice de laisser place à toute sa gouaille, son énergie, sa gueule d’ange au sourire carnassier. Voici donc No, SDF de 19 ans, aussi paumée qu’amochée, (cou)rageuse, violente, pétillante. Breitman, en adaptant le roman de Delphine de Vigan, y conte alors la rencontre, le choc entre plusieurs mondes : la cruauté de la rue qui s’oppose à la chaleur d’un foyer familial, les croyances naïves et altruistes d’une fille de 13 ans (Nina Rodriguez) versus le désespoir blasé d’une autre, revenue de tout. En s’interrogeant avec tact sur un fléau contemporain, et sans jamais tomber dans le travers du film social à message, glissant des chiffres (800 000 sans abris en France, 17% sont des femmes, 20% ont moins de 25 ans), des portraits (celui de Campan et Breitman en parents dépassés- elle dépressive, lui abîmé- est d’une profonde justesse), des sons (Portishead, Stain) et des idées (mise en scène très soignée, très belle, entre une séquence de bain sublimée et des apartés en dessin animé), Zabou Breitman confirme son statut de cinéaste qui compte dans le paysage français. A chacun de ses films, elle offre une profonde sensibilité, une délicatesse inédite à sa mise en scène, insuffle une existence, du corps, du cœur à ses personnages, et, s’empare à chaque fois d’un sujet sensible, peu traité, transcendant l’aspect rebutant sur le papier pour livrer une pépite visuelle, très personnelle, très travaillée. Comme en témoignait déjà l’audace de Se souvenir des belles choses (sur l’Alzheimer), ou celle de l’Homme de sa vie (sur l’homosexualité masculine). Aujourd’hui, avec No et moi, elle pose subtilement sa caméra sur l’adolescence, effleurant des êtres un peu fous, un peu décalés, réunion d’un duo esquinté et d’un trio survolté, qui croient tous- à l’instar de son approche du cinéma- à l’importance de la générosité, et, du regard posé sur l’autre.
Julie-Marie Parmentier : un nom qui n’évoque rien au commun des mortels. Et pourtant. Ado hilarante chez Lvovsky (La Vie ne me fait pas peur), incestueuse terrifiante chez Denis (Les Blessures Assassines), arriérée maléfique chez Chapiron (Sheitan), nouvellement pensionnaire de la Comédie-Française, elle n’est rien moins que l’une des meilleures actrices de sa génération. Zabou Breitman, réalisatrice sensible et dont le talent n’est plus à prouver, la sort de l’ombre, ici, lui offrant ce rôle en or, opportunité pour l’actrice de laisser place à toute sa gouaille, son énergie, sa gueule d’ange au sourire carnassier. Voici donc No, SDF de 19 ans, aussi paumée qu’amochée, (cou)rageuse, violente, pétillante. Breitman, en adaptant le roman de Delphine de Vigan, y conte alors la rencontre, le choc entre plusieurs mondes : la cruauté de la rue qui s’oppose à la chaleur d’un foyer familial, les croyances naïves et altruistes d’une fille de 13 ans (Nina Rodriguez) versus le désespoir blasé d’une autre, revenue de tout. En s’interrogeant avec tact sur un fléau contemporain, et sans jamais tomber dans le travers du film social à message, glissant des chiffres (800 000 sans abris en France, 17% sont des femmes, 20% ont moins de 25 ans), des portraits (celui de Campan et Breitman en parents dépassés- elle dépressive, lui abîmé- est d’une profonde justesse), des sons (Portishead, Stain) et des idées (mise en scène très soignée, très belle, entre une séquence de bain sublimée et des apartés en dessin animé), Zabou Breitman confirme son statut de cinéaste qui compte dans le paysage français. A chacun de ses films, elle offre une profonde sensibilité, une délicatesse inédite à sa mise en scène, insuffle une existence, du corps, du cœur à ses personnages, et, s’empare à chaque fois d’un sujet sensible, peu traité, transcendant l’aspect rebutant sur le papier pour livrer une pépite visuelle, très personnelle, très travaillée. Comme en témoignait déjà l’audace de Se souvenir des belles choses (sur l’Alzheimer), ou celle de l’Homme de sa vie (sur l’homosexualité masculine). Aujourd’hui, avec No et moi, elle pose subtilement sa caméra sur l’adolescence, effleurant des êtres un peu fous, un peu décalés, réunion d’un duo esquinté et d’un trio survolté, qui croient tous- à l’instar de son approche du cinéma- à l’importance de la générosité, et, du regard posé sur l’autre.