Midlake est donc à présent une secte mystique et pastorale sous capuche et grosse barbe, qui au fond d’une forêt humide et austère délivre un folk ancien et médiéval d’obédience anglaise late 60’s : Pentangle mais aussi Fairport Convention ("The hiring fair" aurait pu aisément se retrouver sur ce disque). Alors c’est sûr, ceux qui sont allergiques à ces références n’aimeront pas. En fait cela fonctionne sur cet album comme avec un coup de foudre. On l’a dans la peau ou pas. Ca ne prend pas mille écoutes pour se savoir. On sait immédiatement si "Core of nature" nous transperce ou pas.
A présent recevons les critiques. Le disque serait redondant, monotone, linéaire… Soit. Moi je vois The Courage Of Others comme un vrai "album", une œuvre complète de 46 min qui ne peuvent s’écouter autrement que dans l’ordre et en profitant au maximum (au casque) de cet atmosphère unique, intemporelle et désespérée. Comment ne pas rentrer dans ce "Rullers, rulling all things" monumental d’intensité épique ? Quoi d’autre ? Ah oui, trop produit, trop de flûtes… Soit. Ma foi oui, mais pas plus que chez Blue Öyster Cult qui est ici évoqué par l’immense "The horn". La voix aussi. Certains l’entendent désintéressée et monocorde. C’est vrai si l’on y pense. Moi je la trouve au contraire possédée, question de bonne volonté sans doute.
Et puis aussi parce que perdus au milieu de tout ça il y a des titres immenses comme l’envoûtant "In the ground", mais aussi l’ambiance confessionnal d’ "Acts of man", la valse électrique "Winter dies", et "Small mountain". Cinq ou six singles sur un album raté, ça n’est pas si mal non ?
En bref : alors que The Trials Of Van Occupanther était automnal, The Courage Of Others est délibérément hivernal. Sans aucun humour, Midlake prend un malin plaisir à brouiller les pistes et à assumer coûte que coûte un folk des grands espaces moites et tristes. Il n’y a qu’à se laisser embarquer.
Le Myspace et l’album en streaming
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"Rullers, rulling all things" magnifiquement collé (pour les initiés) aux images magiques du dernier plan du Stalker de Tarkovski (la pochette est d’ailleurs tirée d’ Andrei Roublev du même Tarkovski) :