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Nathalie Kosciusco-Morizet

Publié le 21 décembre 2010 par Hermes
Nathalie Kosciusco-Morizet
Nathalie Kosciusco-MorizetWaterhouse: The Lady of Shallot (I888)
Nathalie Kosciusco-MorizetTableau de Rossetti
Nathalie Kosciusco-Morizet
Nathalie Kosciusco-Morizet
Nathalie Kosciusco-Morizet
Nathalie Kosciusco-Morizet
Je vois la photo de NKM sur un blog qui ne manque jamais d’intérêt. Malheureusement il me semble qu’en voulant analyser l’image, l’auteur se fourvoie…
D’abord, cette Nathalie Kosciuscio-Morizet, qui est-elle ?
Une femme brillante issue d’une ancienne noblesse polonaise. Une histoire à la Sarkozy mais dans sa version intellectuelle et raffinée…
Ostensiblement, elle cultive cet élitisme diaphane, ces poses étudiées. Narcissique jusqu’à l’excès, jusqu’à se vider de son sang, de sa réalité : une posture romantique qui induit la supériorité naturelle d’une caste mais surtout l’iconographie du bonheur d’être martyre, d’être condamnée à un destin.
Se mettant en scène dans cette photo de Paris-Match, elle nous délivre ce message.
Et dans sa course éperdue à l’image, elle se désincarne au point de devenir le reflet d’une chair disparue, d’une anorexie politique quand des mots vides rebondissent contre le visage creux qui les profère. Car NKM n’est pas elle-même, elle n’est que le reflet, elle est The Lady of Shallot.
Elle l’est dans son imaginaire et son imagerie, elle l’est dans sa légende au point de rendre troublantes certaines images…

Alfred Tennyson créa ce poème romantique "The Lady of Schallot" (1842) en s’inspirant des légendes arthuriennes, de celles qui sont l’emblème, à l’instar des mythes wagnériens, d’un occident où le christianisme entre en confit avec la nostalgie du paganisme dans une une Nature conquérante. Un fond celtique que ne cessera de décliner la nostalgie d’un ordre ancien, de célébrer une pureté dans le mythe d’une réconciliation impossible , d’un paradis lointain… Un monde directement hérité du romantisme anglais, de sa tendance gothique dont l’Ivanhoé de Walter Scott, dans son antisémitisme délirant, fut le modèle.
C’est dans ce paradis dont elle est l’emblème, que NKM veut nous introduire.
Mais qui était The Lady of Shallot ?
Avant tout une enchanteresse condamnée à ne percevoir le monde qu’à travers un miroir. L’image douloureuse d’un Narcisse prisonnier.
C’est là que NKM exhibe son fantasme : La photo ne prétend pas au réel. C'est la représentation d'un être aveuglé d'elle-même et aveugle au monde. La photo se construit comme un tableau avec toutes ses conventions, en reprenant fidèlement les éléments du préraphaélisme, cette école anglaise qui s’inspira si souvent de cette fameuse Lady comme de tant d'autres mythologies médiévales...On y retrouve un cadrage très centré, le contre jour dans lequel se décompose le soleil, des tonalités automnales dans une obsession de la mort, un drapé néo-classique qui mêle la rousseur d’une chevelure à un paysage, qui enveloppe le corps dans une pâleur où les plis de l’étoffe laissent entrevoir la transparence d’une peau qui s’offre en martyre…
L’image d’une femme qui organise sa mise en scène et qui se veut , non pas vulnérable, mais condamnée par le destin. Ou portée par lui. Une femme qui rend homogène un univers avec ,d’un côté, la harpe celtique et, de l’autre, deux bibles posées sur les feuilles d’automne…
Tout cela sur une « information » ( !) sur l’enfantement !
Il y a dans cette image tout le mythe de la femme en Occident.Et ce n’est pas un hasard que Sarkozy ait fait de NKM notre Déesse de La Nature, version Ministre de l’Ecologie.Il faut regarder les toiles préraphaélistes pour comprendre que cette photo plagie une esthétique, que NMK prend les poses lascives de ses héroïnes dans la pâleur des bras, dans la minceur exhibée des doigts qui, loin de tout érotisme, suggèrent l’écho d’une douleur dont elle serait l’icône…
Alors regardez ces images, ces portraits de NKM, ces peintures, cette pochette de disque de Loreena McKennitt qui chante The Lady of Shallot…
Tout y est. Un univers kitch,dans des racines réactionnaires. Le droit du sang, le pouvoir d'une lignée pour seul engagement...La politique n’est qu’un décor.Le peuple a-t-il jamais existé ?
Note : Nathalie Kosciusko-Morizet pose en double-page pour l’hebdomadaire Paris-Match le 23 mars 2007, « dans le jardin de sa maison de Longpont-sur-Orge. Près d’elle, la harpe dont elle joue encore dès qu’elle en a le temps, et deux bibles du XVIIe, des trésors. »

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