Écrit par Cameroon Tribune
Mardi, 21 Décembre 2010 13:44
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Six fois reportée après la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005, l'élection présidentielle du 31 octobre et du 28 novembre 2010 en Côte d'Ivoire, présentée comme une panacée, marquait un tournant décisif dans le processus de sortie de crise. Car elle était censée clore une décennie de conflit politico-militaire, dont le paroxysme a été le coup d'état manqué de septembre 2002, qui a coupé le pays en un Nord rebelle et un Sud loyaliste. Pendant l'entre -deux -tousr, le débat télévisé de bonne facture entre les deux finalistes du second tour de la présidentielle, le 25 novembre 2010, avait fait croire à plus d'un observateur que le Côte d'Ivoire avait rejoint le gotha des pays à démocratie avancée. Que non ! La réalité du terrain a vite balayé l'illusion pendant les jours qui ont suivi le scrutin. Incroyable mais vrai : la Côte d'Ivoire compte maintenant deux personnalités fortes qui revendiquent chacune la présidence du pays.
D'un côté, il y a Laurent Gbagbo, qui se présente comme le seul président élu de Côte d'Ivoire. Et de fait. Le Conseil constitutionnel, la plus haute juridiction du pays, l'a déclaré le 3 décembre dernier vainqueur du deuxième tour du scrutin du 28 novembre 2010. Yao N'Dré, le président de la plus haute juridiction du pays, un proche du président sortant, a indiqué que les résultats électoraux de sept départements de Côte d'Ivoire (environ 600 000 voix, soit quelque 13% des suffrages exprimés) étaient annulés pour cause de fraudes. Après « redressement », selon lui, la victoire est à Laurent Gbagbo avec 51,45% des voix, contre 48,55 % à son adversaire, Alassane Dramane Ouattara. Les résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel contredisaient les résultats provisoires donnés la veille par la Commission électorale indépendante (CEI) présidée par Youssouf Bakayoko, membre d'un parti d'opposition. Selon la CEI, Laurent Gbagbo n'aurait obtenu que 45,9% des suffrages, contre 54,1% pour Alassane Dramane Ouattara, son rival. L'invalidation par la Conseil constitutionnel des résultats provisoires a marqué le début d'un bras de fer entre les deux camps. Le 4 décembre, Laurent Gbagbo prête serment devant le Conseil constitutionnel au Palais présidentiel à Abidjan. Le même jour, Alassane Ouattara fait savoir à la presse qu'il a également prêté serment en tant que président élu de Côte d'Ivoire à travers un courrier transmis au Conseil constitutionnel.
Bras de fer
Face à l'imbroglio, la communauté internationale choisit son camp. La victoire d'Alassane Ouattara est certifiée par le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire, Young-Jin Choi. Ce qui vaut à l'ancien Premier ministre ivoirien d'être adoubé et reconnu par les instances internationales comme le seul président élu et légitime de Côte d'Ivoire. Cette même communauté internationale demande à Laurent Gbagbo de céder sa place à Alassane Ouattara. Une demande restée lettre morte. Laurent Gbagbo estime que la décision du Conseil constitutionnel, seule institution autorisée par la loi ivoirienne à proclamer les résultats définitifs de la présidentielle, doit s'imposer à tous. Les rivalités entre les deux hommes ont exacerbé les lignes de fracture qui traversent la société ivoirienne. En plus de la division géographique entre le Nord et le Sud depuis 2002, de fortes tensions opposent désormais les communautés ethniques et religieuses. Les affrontements entre partisans des deux camps rivaux ont déjà fait une cinquantaine de morts, selon un bilan de l'ONU publié le 19 décembre 2010.
Dans la foulée, la communauté internationale inflige des sanctions à Laurent Gbagbo et à 18 personnes dans son entourage. Parmi ces sanctions, il y a l'interdiction de voyager dans l'espace de L'Union européenne et le gel des avoirs. En outre, les missions de médiation conduites à Abidjan par l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki et le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping ont toutes échoué, plongeant la Côte d'Ivoire dans une crise sans fin.