Écrit par Le Jour
Mardi, 21 Décembre 2010 15:43
éçéééèéèèé
Une fois encore, le Centre culturel français de Douala organise et délocalise. Comme si le public hésite, la salle du Castel Hall se remplit doucement ce jeudi 16 décembre 2010. S'il y en a, les doutes s'estompent rapidement et complètement.
Pas de temps d'écoute ou d'observation. Quelques minutes après une première partie assurée par une autre jeune artiste, Cilla Song's, Kareyce Fotso prend possession de la scène, sa maison, son antre. Alors... Le décor, les musiciens, les choristes et les danseuses ne font qu'un autour de l'artiste, dans un port de reine avant l'heure. Et voilà Kareyce qui se met à reproduire, en live, les chansons que l'on écoute depuis un peu plus d'un an maintenant. Celles de l'album «Mulato » dont le fameux «Mayole». Le clip a contribué à faire connaître la chanteuse. Le public éclipse les choristes et une fan, particulièrement survoltée, monte sur la scène pour le lead. C'était le partage. Ça vire à la communion.
De cette voix qui ne recule devant aucune gamme, Kareyce survole la scène et montre de l'assurance. Celle que donnent près de 15 ans d'apprentissage dans le spectacle vivant : la danse, la comédie, le chant, la musique. Spectaculaire. Avec une rare créativité, la troupe puise, sans complexe, dans le vivier patrimonial et culturel de l'Ouest du pays. L'interprétation est convaincante, tant Kareyce fait corps avec son répertoire. Chacune de ses chansons témoigne d'une tranche de vie, de l'étape d'une trajectoire, d'une réalité vécue. Fille des cabarets et de la scène, l'ex sociétaire du Korongo Jam ne se ménage pas, elle qui, d'ailleurs, change souvent de tenue. Artiste jusqu'au bout et complètement.
Mademoiselle se croit au music hall, et du haut d'une échelle double, refait le mythique «Dreams like mine» de Donna Hightower. Mademoiselle rend hommage au monstre sacré André-Marie Tala dans une reprise réussie du classique «Sikati». Mademoiselle ballade son auditoire sur les hautes terres des grassfields. Non sans le ramener, de temps en temps, sur les terres rouges de Yaoundé. Avec les secousses qui vont avec. Transpiration assurée. «Oyenga» bienvenus. Dans les travées, l'aisance avec laquelle la jeune femme passe du mwop au bikutsi subjugue, ravit et rassure. Une leçon.
Toujours aussi heureuse sur scène, Kareyce Fotso transmet son bonheur aux centaines d'yeux et oreilles tournés vers elle. Fleurs, confettis et billets de banque farotés» arrivent dans une indescriptible clameur de vivats et de youyous. Et lorsqu'il s'agit de «Pac-ler française», la complicité avec le public est achevée. Ce titre, à l'image d'une artiste qui aime rire et faire rire, figure dans l'album «Kwegne». Sortie prévue au Cameroun en janvier 2011. Le concert de Douala, avec des relents d'examen de passage sur le plan local, est largement un succès. Mademoiselle Fotso croit justement aux démarches endogènes. Sans doute la raison pour laquelle elle a accepté d'offrir ce récital pour soutenir une campagne de la Gtz, la Coopération allemande, contre le viol au Cameroun. Le cri de la chanteuse a été entendu. Mais avant de s'en aller, Douala, conquise, se rue déjà sur les deux Cd : «Kwegne» et «Mulato» vendus à la sortie du Castel Hall ». Ça ne fait que commencer.