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Comment s’appelle une vie à 4000 DA?

Publié le 21 décembre 2010 par Amroune Layachi
Comment s’appelle une vie à 4000 DA?

LES HANDICAPÉS MOTEUR INTERPELLENT BARKATComment s’appelle une vie à 4000 DA?

La loi de 2002 portant sur la protection des personnes aux besoins spécifiques, est complètement bafouée.

Le quotidien de 500.000 personnes vivant dans des chaises roulantes, soit un quart des handicapés est lié à cette modique somme de 4000 DA. C’est un véritable cri de détresse, un SOS, qu’a lancé, hier, Bouzara Hamza, président de l’association nationale Ettahadi des handicapés moteurs lors du forum du quotidien El Moudjahid. «Que signifie la pension mensuelle accordée à cette frange?» s’est-il interrogé. Et de répondre d’un ton haut qui cache mal son pessimisme: «Absolument rien». L’augmentation réclamée «à 15.000 DA n’est que l’équivalent du Snmg, pour reprendre notre vis-à-vis, risque de tomber à l’eau». Le passage de 3000 à 4000 DA, qui n’est intervenu qu’après des années de promesses, a été vanté par le département de la solidarité. Une sorte d’exploit. Une prouesse. Du pain sur la planche pour Saïd Barkat. «A 15.000 DA le mois, on peut se nourrir comme le commun des citoyens normaux», explique le conférencier. Les handicapés sont-ils anormaux? «On l’est dans la mesure où l’Etat nous tourne le dos et le regard d’autrui est blessant», répond M.Bouzara. Lui est âgé de 29 ans, il est atteint d’une myopathie (atteinte d’un des constituants du muscle) depuis son enfance. En dépit des entraves rencontrées, il compte aller au bout de son action de son combat. Les handicapés, selon lui, ne demandent pas monts et merveilles. Seulement du respect et une prise en charge. Dans le même ordre d’idées, notre interlocuteur soulève le problème du transport. «Les chauffeurs de taxi et les transporteurs publics refusent souvent de nous transporter». Et d’enchaîner: «Même l’aménagement des trottoirs n’est pas assuré». Un malheur en cache tant d’autres. Et il n’arrive jamais seul. Sur sa lancée, M.Bouzara interpelle les plus hautes autorités de la hiérarchie de l’Etat. «Que les pouvoirs publics sachent qu’une frange nommée handicapés moteur existe en Algérie. Leurs souffrances sont multiples.» Le président de l’association Ettahadi (Défi), ajoute: «Que nos gouverneurs soient responsables de nous!»Sur le plan juridique, il souligne que la loi de 2002 portant sur la protection des personnes aux besoins spécifiques, «est complètement bafouée».
Prendre attache avec les hommes de loi, pour faire valoir leurs revendications, n’est pas envisageable. «Ni pour le moment ni dans l’avenir», réplique Bouzara Hamza. Une loi passée devant le Parlement «n’a pas besoin d’avocats pour être appliquée», a-t-il poursuivi. Et d’enfoncer le clou en indiquant qu’«il s’agit bel et bien d’un problème d’Etat».
Intervenant au cours de la conférence, le Dr Bouras Abdelkader, président de l’association Shifa des maladies neuromusculaires a expliqué que «c’est dans la région de Kabylie que ces maladies chroniques et invalidantes sont fréquentes». La raison de cette spécificité est liée, selon le spécialiste, aux mariages consanguins. Si leur prise en charge fait défaut, ces maladies neuromusculaires «auront des complications orthopédiques, cardiaques...et respiratoires», explique le médecin. Par ailleurs, il a soulevé le manque criant de médicaments, ou encore la cherté de ceux qui sont disponibles.
Le médicament Mestinon utilisé dans le traitement de l’atonie intestinale, «se trouve indisponible à chaque fin d’année». Est-il produit par les laboratoires locaux? «On n’a que la molécule mère. La fabrication du générique peut résoudre définitivement le problème», souligne le Dr Bouras. Les handicapés souffrent moins de leur maladie que de la négligence à leur égard. Fouad IRNATENE Partager :      J'aime1

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