Le genre mecha souffrant en occident d’un manque de considération flagrant, les artistes qui donnent leurs designs aux productions du domaine restent eux aussi inconnus. De sorte que mis à part des ténors tels que Kunio Ôkawara – dont les mobile suits n’ont fait le tour du monde qu’avec l’offensive de Bandai dans la diffusion internationale de la franchise Gundam – ou des créateurs comme Shoji Kawamori – qui ne se sont pas exprimés que dans ce genre précis – le public français connaît assez peu de noms.
Ainsi Makoto Kobayashi figure-t-il sur la liste des illustres inconnus, ce qui est regrettable quand on voit quel talent reflètent ses créations. Pourtant, Hyper Weapon 2007 n’en rassemble qu’une fraction : quatrième de la série, il suit Hyper Weapon : 2001 – 2984 et Hyper Weapon 2 : 1999 Infightzone Earth qui exposaient de nombreuses créations personnelles du modéliste ; par la suite, Hyper Weapon 2005, puis le présent volume mais aussi les opus 2008 et 2009 se concentrèrent sur ses travaux pour l’animation.
Né en 1960, Kobayashi démontra vite sa créativité hors norme dans les pages d’Hobby Japan mais aussi d’un autre magazine alors nouveau qui allait vite devenir la référence en matière de science-fiction et de mecha design : Newtype. Avec un titre en hommage évident à Mobile Suit Gundam, à l’époque la dernière révolution du genre mecha, ce magazine s’est vite affirmé comme un parfait tremplin pour de jeunes artistes en exposant leurs travaux au grand public comme aux professionnels de l’industrie.
Voilà comment Kobayashi se fit remarquer et se retrouva à travailler sur des productions pour le moins d’envergure comme Mobile Suit Zeta Gundam (Yoshiyuki Tomino ; 1985) et sa suite directe, Mobile Suit ZZ Gundam (Tomino ; 1986), avant de porter sur écran sa propre œuvre Dragon’s Heaven (1988) en une OVA tirée du manga éponyme ; cette production présente d’ailleurs la particularité de montrer des maquettes originales de Kobayashi animées image par image pendant les premières minutes.
Mais si cette œuvre « de jeunesse » occupe un nombre conséquent de pages de cet ouvrage, le reste se répartit essentiellement sur des créations de commande pour plusieurs productions dont certaines ont atteint la célébrité hors de l’archipel : je pense en particulier à Last Exile (Koichi Chigira ; 2003) ainsi qu’à Samouraï 7 (Toshifumi Takizawa ; 2004) mais surtout à l’OVA ICE (Kobayashi ; 2007) dont les divers travaux de designs occupent de nombreuses planches du volume, avec beaucoup de détails.
Bien que mal connu chez nous, Makoto Kobayashi demeure malgré tout un des artistes les plus talentueux et les plus prolifiques de l’industrie de l’animation et du manga depuis les années 80, et qui mérite largement votre attention. Si cet ouvrage est à présent épuisé et très difficile à trouver neuf, il ne représente qu’un volume dans une série qui prend toujours plus d’importance chaque année avec la sortie d’un nouvel opus ; ceux d’entre vous qui doutent toujours pourront visiter le site non officiel The Art of Makoto Kobayashi où ils trouveront de très nombreuses reproductions de clichés et croquis allant des premiers travaux jusqu’aux créations des années 2000.
Hyper Weapon 2007
MODELART Co.Ltd, février 2007
64 pages, 1,400 ¥ (env. 13 €), ISBN : 0-8734-0370-X