Je suis donc heureux de contribuer modestement en ce jour à me faire le miroir d'une vie toute tournée vers la grandeur de la Grèce antique de Thucydide et d'Homère. Selon la secrétaire perpétuelle de l'Académie Française, Hélène Carrère d'Encausse interrogée sur France infos "Mme de Romilly a portée toute sa vie la langue et la culture grecque parce qu'elle considérait que c'était une éducation à la compréhension de la liberté de l'individu, de l'attachement à la démocratie". Elle ne cessera de déplorer avec nostalgie le déclin de l'enseignement de cette matrice de la culture occidentale dont elle détenait - semble-t-il plus que tout autre - les clés de sa finesse et de son caractère structurant.
De sa vie, la quasi-centenaire en parlait ces derniers temps avec le recul amusé et sage qu'ont les personnes ayant vécu pleinement. Sans enfant, elle s'apprêtait à rejoindre l'au-delà toute comblée par sa vie de professeur qui a été "d'un bout à l'autre, celle qu'elle souhaitait". Interrogée sur France Inter en 2009, l'académicienne évoquait "son bonheur d'enseigner" en précisant qu'elle souhaitait que l'on sorte de nos visions matérialistes restreintes qui ne tiennent pas compte du plus important : "l'échange de regards, les étoiles qui naissent dans les yeux d'un élève". La voilà la grâce de l'enseignant ! Elle tient à la transmission d'un savoir, dans l'instant, un clin d'oeil adressé à l'esprit.
Mais celle que Nikos Alliagas salue pour son "humour réjouissant" est aussi une "optimiste". Elle parle même d'un "devoir d'optimisme dû aux générations à venir" lorsqu'elle échange avec son médecin. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle appuiera l'initiative de ce dernier, Philippe Rodet, visant à monter une association pour encourager les citoyens à participer à la vie de la Cité : L'élan nouveau des citoyens. Elle avait ce regard orienté vers le futur qu'ont les âmes dont le Bien commun a pris le dessus sur l'intérêt personnel...
L'avenir justement. Elle en traite dans une dernière étincelle toute brillante : "Mon petit docteur, quand je vais mourir, ne soyez pas triste: je suis âgée, j’ai vécue pleinement, et on continuera à communiquer. La seule chose, c’est qu’à 18 heures, on ne prendra plus notre petit whisky."
Merci.