«S'il n'y avait pas la Science, combien d'entre nous pourraient profiter
de leur cancer pendant plus de cinq ans ?»
Le titre est déjà savoureux, tout le reste est jubilatoire. Pierre Desproges repère les défauts de l'humanité et en rédige un brillant traité de presque philosophie. Hilarant, féroce, pétillant, joyeusement acidulé.
« Adieu l'âge vert. Je suis dans l'âge mûr.
L'age mûr, par définition, c'est la période de la vie qui précède l'âge pourri. »
Ce qui frappe le lecteur avant tout, c'est bel et bien cette plume audacieusement littéraire qui n'est pas sans rappeler le génie des mots de Raymond Devos. Desproges joue avec la langue, l'embellit, la maltraite, la façonne et l'aiguise avec une maîtrise exceptionnelle.
«Il faut rire de tout. C'est extrêmement important.
C'est la seule humaine façon de friser la lucidité sans tomber dedans.»
L'écriture est sublime, la drôlerie cynique, les pages cornées sont nombreuses. La mort est démystifiée, le racisme délicieusement croqué, le cancer est dépouillé de ses tabous et le non-sens d'une extraordinaire cocasserie. Une lecture pleine de vie, d'espoir et de piquant indispensables !
J'adore !
« Le voisin est un animal nuisible assez proche de l'homme. Très proche, trop proche. C'est d'ailleurs de cette proximité que naît la nuisance du voisin. Mais attention: que le voisin soit proche ne doit pas nous inciter à le confondre avec le prochain, ce dernier, contrairement au voisin, pouvant être lointain. En effet, un prochain lointain reste un prochain, alors qu'un voisin lointain s'autodétruit au bout de trente secondes, sauf s'il déménage en deux-chevaux, auquel cas le temps qui lui est imparti pour plonger dans l'inexistentialité post-voisinale pourra être prolongé du double. En résumé, nous devons aimer notre prochain en toutes circonstances afin de ne pas encourir la colère de Dieu, alors qu'il nous suffira de respecter notre voisin après vingt-deux heures pour ne pas être emmerdés par les flics. »
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Salut l'artiste !
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