« Il faut ouvrir les systèmes de vigilance sanitaire aux expertises « dissidentes », donner un statut légal aux « lanceurs d’alerte » et reconnaître aux associations, qui doivent être représentées dans les commissions scientifiques, le droit d’imposer des auditions publiques aux agences sanitaires. Le principe de contradiction est une des bases de la sécurité sanitaire ; les meilleurs systèmes d’expertise peuvent faire preuve de cécité. »
Qui écrit cela ? Priartem ? Non ! Pourtant nous avons déjà écrit des choses proches ! Mais non, cette fois, nous n’y sommes pour rien. L’auteur de cette déclaration est une personne très autorisée : l’ancien directeur général de l’agence du médicament (1993-1997), Didier Tabuteau, qui tire les leçons de l’affaire du « Mediator » dans une tribune publiée dans l’édition du 11 décembre du Monde. Dès son titre, cette Tribune annonce l’enjeu : « Renforcer la crédibilité de la sécurité sanitaire : pour des experts dissidents. »
Dans cet article Didier Tabuteau, qui est, par ailleurs, responsable de la chaire de santé de Sciences Po et du Centre d’analyse des politiques publiques de santé (CAPPS) de l’EHESP, dénonce l’échec du système d’évaluation et de contrôle du médicament dans un pays qui est, selon lui, « dénué de tradition de santé publique ».
Nous avons dénoncé, pendant des années, les conditions de l’expertise sanitaire dans le dossier de la téléphonie mobile. Nous avons pointé la non-prise en compte des paroles scientifiques « dissidentes », la mise à l’écart, voire l’élimination, par privation de moyens de recherche et dénigrement systématique, des scientifiques porteurs de cette parole. Nous avons demandé plus de transparence dans le processus d’évaluation et d’expertise. Nous avons obtenu, en 2008 et 2009, un début de réponse à nos demandes tant au niveau du Conseil scientifique de la Fondation qu’au niveau de l’AFSSET. De tout cela est sortie une position scientifique officielle appelant à la précaution dans un contexte d’incertitude face à un risque émergent. Mais depuis, la Fondation et l’AFSSET ont disparu et la position de l’Etat, à travers l’expression du Ministère de la santé, s’appuyant sur les positions d’un petit nombre d’experts dont les liens avec le milieu industriel sont parfaitement connus, est en train de se durcir sur une position de recul manifeste : le déni de risque.
Nous pouvons espérer que les appels tels que celui de Monsieur Tabuteau obligeront les autorités en charge de la santé à plus d’ouverture et de transparence d’une part, à plus de prudence dans la gestion du dossier de santé publique que pose la téléphonie mobile d’autre part.
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