Oran, Algérie. Ville d’origine de Nicole Garcia et point de départ à un dédale de réflexions. Oran, comme protagoniste à part entière, théâtre des horreurs d’une guerre d’Algérie esquissée par ellipses et à hauteur d’enfants, territoire béni des passions de l’enfance. Une ville, qui soudain, jaillit d’une femme (Marie-Josée Croze), des années plus tard à Aix-en-Provence, d’une ombre séduisante tout droit sortie du passé refoulé, enfoui, oublié d’un agent immobilier (Dujardin), presque parfait (gendre, époux et père). Avec cette femme fatale, à l’allure très vieux cinéma hollywoodien et catalyseur d’un voyage dans les brumes de la mémoire, Un balcon sur la mer possède une richesse thématique incroyable, et pose un regard d’une profonde justesse sur cet homme en pièces, puzzle à reconstruire pour mieux avancer. "Je me suis perdu" dit-il, sûrement quelque part au milieu des souvenirs d’enfance- des instantanés de vie idéalisés, et d’un quotidien bien propret, trop lisse, carré. De toute manière chez Garcia, la figure masculine est toujours en vrac, paumée dans l’incertitude (Selon Charlie), rongée par le secret (Le fils préféré, L’Adversaire). Pour interpréter Marc, hanté par les fantômes hargneux d’un autre temps, elle choisit (judicieusement) un Jean Dujardin admirable, de plus en plus charismatique, subtil, séduisant- et préfère adopter son point de vue tout du long : l’épouse (Sandrine Kimberlain, affirmée) est invisible, les bribes du passé tronqués, les perspectives faussées. On ne voit que ce que l’on veut voir, selon Garcia- preuve à l’appui avec ces oublis de Marc, cette mémoire sélective, ce déni. Sur le papier, le film est passionnant, et aurait certainement donné un bouquin extraordinaire, riche et superbe. A l’écran, il en est (hélas) autrement. Garcia demeure spectatrice, observe avec froideur, offrant la notion sans l’émotion, l’amour sans la chair, le concept avant tout, sacrifiant par là-même toute cette violence qu’elle libère aussi vite qu’elle enterre, derrière les mines affligées des personnages, derrière ce silence, cette contemplation intellectualisée, intériorisée, intérieure, finalement peu partagée. Dommage.
Oran, Algérie. Ville d’origine de Nicole Garcia et point de départ à un dédale de réflexions. Oran, comme protagoniste à part entière, théâtre des horreurs d’une guerre d’Algérie esquissée par ellipses et à hauteur d’enfants, territoire béni des passions de l’enfance. Une ville, qui soudain, jaillit d’une femme (Marie-Josée Croze), des années plus tard à Aix-en-Provence, d’une ombre séduisante tout droit sortie du passé refoulé, enfoui, oublié d’un agent immobilier (Dujardin), presque parfait (gendre, époux et père). Avec cette femme fatale, à l’allure très vieux cinéma hollywoodien et catalyseur d’un voyage dans les brumes de la mémoire, Un balcon sur la mer possède une richesse thématique incroyable, et pose un regard d’une profonde justesse sur cet homme en pièces, puzzle à reconstruire pour mieux avancer. "Je me suis perdu" dit-il, sûrement quelque part au milieu des souvenirs d’enfance- des instantanés de vie idéalisés, et d’un quotidien bien propret, trop lisse, carré. De toute manière chez Garcia, la figure masculine est toujours en vrac, paumée dans l’incertitude (Selon Charlie), rongée par le secret (Le fils préféré, L’Adversaire). Pour interpréter Marc, hanté par les fantômes hargneux d’un autre temps, elle choisit (judicieusement) un Jean Dujardin admirable, de plus en plus charismatique, subtil, séduisant- et préfère adopter son point de vue tout du long : l’épouse (Sandrine Kimberlain, affirmée) est invisible, les bribes du passé tronqués, les perspectives faussées. On ne voit que ce que l’on veut voir, selon Garcia- preuve à l’appui avec ces oublis de Marc, cette mémoire sélective, ce déni. Sur le papier, le film est passionnant, et aurait certainement donné un bouquin extraordinaire, riche et superbe. A l’écran, il en est (hélas) autrement. Garcia demeure spectatrice, observe avec froideur, offrant la notion sans l’émotion, l’amour sans la chair, le concept avant tout, sacrifiant par là-même toute cette violence qu’elle libère aussi vite qu’elle enterre, derrière les mines affligées des personnages, derrière ce silence, cette contemplation intellectualisée, intériorisée, intérieure, finalement peu partagée. Dommage.