Posté le 20-12-2010, par bigbabou, dans la catégorie Presse / Livre (lu 773 fois)
Avec le temps polaire de ces derniers jours il n'y a plus de doute permis, c'est bien l'hiver !! Certains pourront regreter l'été et le temps où gants, bonnets et raquettes n'étaient pas nécessaires. Pour ces nostalgiques d'une époque révolue ou simplement pour occuper vos longues soirées d'hiver je recommenderai ce "Chroniques du Dancefloor". C'est certains, cette sélection de Didier Lestrade d'articles paru dans Libération de 1988 à 1999, parfera votre culture électronique et alimentera votre playlist de morceaux a écouter ! Sortie au mois de mai dernier et ne l'ayant découvert que récemment, il n'est jamais trop tard pour en parler, surtout en période de fêtes, ça pourrais en dépanner certains pour des idées de dernière minute.
A la fin des années 80, alors que la house venait de naitre il n'y a pas si longtemps que ça à Chicago, retrouver une chroniques consacré à la "dance music" dans un grand quotidien national tiens de l'OVNI.
C'est donc avec le sentiment de découvrir une photographie instantannée des débuts du courant par le biais de la presse de l'époque que l'on se plonge dans ce recueil. Pour en apprécier le contenu à sa juste valeur il faut se mettre en condition. Il faut occulter tout ce qui a pu se faire ou se dire au sujet de cette musique depuis 20 ans et revenir à un temps où le Top 50 est roi, où Bioman et Licence IV sont les tubes du moments.
Ces splendides références musicales sont tirées du tout premier article de la chroniques paru le 13 octobre 1988. Le reste est une immersion dans une décennie de maxis et d'albums qui ont révélé un artiste, une ville ou bien un courant comme l'ambient ou le trip hop. L'écriture spontannée et journalistique (oui je n'ai pas peur d'enfoncer des portes ouvertes) de l'auteur vous plonge dans le son qui vient d'Angleterre, de Détroit, de Chicago et dans l'époque où les soirés techno se passaient à Champigny, le Bourget ou Asnières. Classées en différentes catégories, les chroniques apparaissent toujours par ordre chronologiques et restituent parfaitement l'évolution des multiples courants.
Tout est passé en revue au travers du prisme de l'actualité : le déferlement des raves à Paris avec le 3615 Rave (oui avant internet il y avait le minitel !), l'égémonie du label Strictly Rhythm et de son artiste fétiche Tod Terry , tout cela enrobé de descriptions sincères et justes qui ne versent pas dans le name dropping innefficace et indigeste.
Et puis, au détour d'une page on tombe sur "son" disque, celui qui vous rappel un souvenir, un instant ou une période figée dans votre esprit par la magie d'un maxi ou d'un album. Pour certains ce sera Acid Eiffel de Choice, d'autre Soul II Soul ou peut être bien le Selected Ambiant Works vol. II d'Aphex Twin, mais c'est sûr vous le trouverez !
Un des avantages à avoir les textes d'époque, c'est que pour une fois c'est certains ce n'est pas du réchauffé ! L'auteur n'hésites pas à tailler Aphex Twin, chose assez peu commune de nos jours (à tort ou à raison) ou a dénoncer le manque de bon dj dans les Raves et l'uniformisation des sons au profit du son techno / hardcore (problème presque inverse de nos jours). La chronique de l'ouverture du tout nouveau club Londonien The End est aussi l'occasion d'un bon taillage en règle des clubs parisiens (rien de nouveau de ce côté là si ce n'est l'inflation des consommations arf). Bref une liberté de ton et d'idée qu'on a parfois du mal a retrouver dans la presse spécialisé d'aujourd'hui.
Mais s'il y a des coups gueules c'est aussi et surtout des coups de coeur. Pour Deepside par exemple (futur Saint Germain) qui était déjà à contre courant, pour les compiles Café Del Mar de José Padilla où des visions comme avec The Age Of Love :
. L'auteur était dans le vrai puisque plus de 10 ans après Agoria l'incluera dans sa compil mixée 'Cute And Culte '.C'est extrêment cheap [...] mais dans 5 ans quand on voudra se rappeler le son de 1992, on tirera ce disque de la collection. C'est pourquoi ce genre de titre doit être acheté en CD : avant même d'être sorti ce type de produit ne sert qu'a représenter une borne musicale
Bref, vous l'aurez compris, j'ai apprécié ce livre car il m'a parlé et le recommande vivement à toutes les personnes ayant découvert cette musique dans les 90's mais aussi après, pour (re) découvrir les "bornes" précédentes. Cela peut être une alternative au blog pour (re)découvrir des artistes. Il est aussi agréable dans son approche brute et dénuée de références obscures que dans son écriture spontanée. Mais avec la nostalgie vient aussi la désillusion qui aurait pu passer innaperçue si je n'avais pas relu l'avant propos pour occuper mes deux stations de RER restantes. En voici le dernier paragraphe.
Je ne peux terminer cette avant-propos en faisant comme si la musique était aussi naïve que lorsque ces chroniques ont débuté. La musique d'aujourd'hui est tout sauf naïve. Et je crois que cette naïveté est morte le jour où on a compris que Daft Punk nous trahirait, qu'ils gagneraient leur fric. Qu'ils n'investiraient pas dans la club culture française. Qu'ils n'ouvriraient pas un club comme l'Hacienda de Manchester, dans lequel on pourrait tous se retrouver. Mes amis savent que je n'écoute plus la musique comme je le faisais avant. J'ai été déçu par cet échec politique de la house. Depuis l'age de cinq ans, quand j'ai acheté mon premier 45 tours des Beatles, je croyais vraiment que la musique allait changer le monde. I was that dumb.
Chroniques du dance floor (Libération 1988 - 1999) - Didier Lestrade - l'éditeur singulier (avril 2010)
PS : Si vous ne saviez pas quoi demander au père noël, maintenant vous pouvez faire une croix dans votre checklist de noël
PS : désolé de ne pas avoir linké toutes les références sur Discogs, mais là j'ai la flemme ...
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