D'accord,
Pour jouer les caméléons,
Vous êtes les champions.
C'est vrai,
Pour prendre le train en marche,
Vous n'avez pas votre pareil.
Vous portez le verbe haut,
Servis par un vocabulaire fleurdelisé,
Bien conservé dans son amidon grammairien,
Un peu rigide,
Un rien cocasse.
Faut ce qu'il faut ... pas vrai ?
Vous arborez votre sexe comme un barreau d'échelle,
Et vous laissez sous vous des corps inachevés.
Faudrait traiter au xylophène !
Vous voilà tout ratatiné.
Vous placez l'amour à la hauteur de votre idéal
Juste en dessous du ventre.
Mais officiellement,
Vous vous érigez en chantre de la morale.
Le vers est en vous,
Comme le fric au portefeuille.
Il vous ronge le sang.
Vous éprouvez des joies morbides
À branler le canon de vos mitraillettes avec un écouvillon.
Vous vous lubrifiez l'esprit de patrie glorieuse et conquérante,
Avec sur la langue,
Un arrière goût de croisades.
Vous ! Dont la seule religion est le pognon.
Vous seriez esclavagiste
Si l'esclavage
Produisait davantage que l'ouvrier affranchi
De cette liberté
Qui nous évite de vous lécher les bottes,
Bien que votre mépris s'affiche sans trop de pudeur,
À condition
Bien sûr
De vous graisser les pattes.
De votre liberté, nous n'en voulons plus.
D'accord,
Nos revendications sont multiples,
Parfois contradictoires,
Voire naïve.
Mais notre naïveté a les dents du loup
Et la pureté de l'enfance.
Nous viderons vos églises de ses enfants de coeur.
Vous nous avez appris le poing et le fusil
Pour défendre vos causes.
Nous les briserons, mais plus tard
Quand vous aurez levé les mains et baissés vos frocs.
Dès aujourd'hui, notre vie est a nous.
Nos femmes sont enceintes de l'amour
Et nos enfants font l'école buissonnière
Nous partons parfois faire la route.
Plus rien ne nous attache.
Et nous sommes de plus en plus nombreux à le savoir.