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Vertiges de l’amour

Par Borokoff

A propos de Everyone else de Maren Ade 3 out of 5 stars

Vertiges de l’amour

En vacances en Sardaigne, Chris et Gitty sont un jeune couple qui s’aime. Mais leur rencontre inattendue avec Hans, un collègue de Chris et sa femme va semer le trouble entre eux. Et remettre en question toutes leurs certitudes…

Construit en va-et-vient permanents, Everyone else épouse la trajectoire fluctuante et obscure des sentiments amoureux d’un jeune couple allemand en escapade dont il tente de percer le mystère. Le choix de l’Italie n’est pas anodin et fait références bien entendu aux films d’Antonioni, grand cinéaste du couple en crise.

Eveyone else tente de cerner la dialectique impénétrable de l’amour, les variations de sentiments amoureux que connaissent Chris puis Gitty. L’intensité de l’amour entre Chris et Gitty varie mais c’est surtout la rencontre de Hans qui va provoquer un bouleversement. Et inverser la pyramide de leur relation. Au début du film, Gitty (Birgit Minichmayr, tout en spontanéité et en fausse superficialité) semble folle d’amour et d’admiration de Chris qui semble amoureux aussi mais plus détaché d’elle.

Chris est un jeune architecte talentueux mais il manque de culot et peut-être de confiance en lui. C’est ce que Gitty lui dit un jour, mais Chris le prend mal. Elle a de l’admiration pour Chris, lui a un brin de suffisance et de prétention. Une soirée chez Hans va précipiter les choses. Hans critique la passivité de Chris et son manque d’initiatives, de combat alors que Chris est pourtant doué. Gitty trouve la méchanceté de Hans gratuite et ne se prive pas de lui dire, ce qui met Chris hors de lui et le rend soudain distant de Gitty dont il condamne la sortie maladroite alors qu’elle le défendait.

Et le film est délicat, qui décrit ainsi l’altération progressive des sentiments de Gitty, qui en découvrant les facettes et la personnalité de Chris, semble aller de déception en déception. Ses sentiments se dégradent. En plus, Chris la traite avec dédain et mépris, presque comme une idiote en société alors qu’elle est drôle et beaucoup plus distrayante que lui. Chris joue un personnage arrogant devant Hans et sa femme alors qu’il doute de lui dans le fond, que ses projets échouent, qu’il se cherche et qu’il est un peu paumé. En un mot, le personnage qu’il joue en société est pathétique, bien loin de ce qu’est Chris vraiment.

La manière dont il parle de sa mère et se moque d’elle et de ses collections de chats en porcelaine devant Hans va finir de décevoir Gitty. De l’admiration qu’elle avait pour Chris, elle passe à une amertume en forme de désamour. Elle le trouve ridicule, soudain, « lâche », stupide. A cette distance voire ce rejet chez elle correspond un retour en flamme des sentiments amoureux de Chris, qui n’a jamais cessé, on le découvre, d’aimer passionnément Gitty.

Tout cela est subtilement décrit, avec un art romanesque inimitable chez Maren Ade pour capter les sentiments, saisir la psychologie de ses personnages malgré quelques lenteurs voire une certaine pesanteur parfois. Chris et Gitty sont très différents. Chris est introverti et parfois ennuyeux. Gitty est beaucoup plus fantaisiste et délurée. Mais à eux deux, ils forment un couple complémentaire qui n’a jamais cessé de s’aimer. C’est la grande leçon de ce film. L’amour résistant à toutes les épreuves, plus fort que tout. Cela ne vous rappelle pas La Notte ?…

www.youtube.com/watch?v=3D4Xa-ECy_g


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