Le Coluche birman a été condamné en 2008 à 35 ans de prison. Comme lui, 2200 prisonniers d'opinion sont incarcérés dans les prisons birmanes
C'est un des acteurs et humoristes les plus connus de Birmanie. Il était réputé, à la fois pour ses sketchs à double sens qui n'épargnaient guère le gouvernement militaire, mais également pour son inlassable action humanitaire.
Né en janvier 1961, Zarganar (de son vrai nom Thura), est né dans une famille d'écrivains et d'artistes et il prend, très jeune, le goût de la scène. Après de brèves études de dentiste, il se lance très vite dans le théâtre comique, le cinéma et les sketchs satiriques.
Se produisant un peu partout dans le pays et très présent à la télévision, il devient de plus en plus populaire et la junte militaire en prend ombrage, d'autant qu'il multiplie les actions humanitaires en dénonçant la situation économique catastrophique de son pays.
Il est arrêté une première fois en 1988 pour participation à des manifestations anti-gouvernementales et passe près de 5 années en prison.
Libéré en 1994, il lui est désormais interdit de se produire sur scène. Il se lance alors dans la production de films et anime un blog.
Le Coluche birman
Mais en mai 2006, à la suite d'une interview qu'il donne à la BBC sur la situation politique de la Birmanie, Zarganar est également interdit de toutes activités artististiques.
Il multiplie alors les actions humanitaires (lutte contre le SIDA, organisation d'aide humanitaire suite au cyclone Nargis, etc), et il est de nouveau interpellé, le 26 septembre 2007.
On lui reproche d'avoir apporter de l'eau et de la nourriture à des moines boudhistes participant à ce que l'on a appelé la “révolution safran”.
Relaché, il est, une fois de plus, arrêté par la police spéciale le 4 juin 2008 et est condamné en novembre 2008 à 59 ans de prison, peine ramenée 3 mois plus tard à 35 ans ferme !
Zarganar est à la Birmanie, ce que Coluche était à la France: un humoriste qui n'avait pas sa langue dans sa poche et qui avait un coeur gros comme çà!
Pour ses deux raisons, Zarganar croupit aujourd'hui en prison, comme 2200 autres prisonniers d'opinion.
Transféré dans le Grand Nord, à Myitkyina, dans une des prisons les plus dures du pays, Zarganar attend sa libération. Elle aura lieu en 2033!
Et ça ne fait rire personne.