La chaleur des profondeurs océaniques & fonte des glaces de l'Antartique

Publié le 20 décembre 2010 par Dedu

''Traduction de l'article "Deep ocean heat is rapidly melting Antarctic ice" du site Climate Progress''

Citation d'un océanographe de l'AGU : "le plus fort accroissement de température du globe" est observé à l'ouest de la Péninsule Antartique.

"Les eaux chaudes du Courant Circumpolaire Antartique (cf. Institut Paul Emile Victor caressent le front glacé sur l'ouest du continent, dans le secteur des la mer de Bellingshausen''"

L'Antartique se désintègre beaucoup plus vite que ce que tout le monde imaginait (voir "Nothing in the natural world is lost at an accelerating exponential rate like this glacier" - traduction à venir). En 2001, le rapport consensuel du GIEC considérait que ni le Goenland ni l'Antartique ne perdrait de masse significative avant 2100. Pourtant, les deux en perdent déjà. Ainsi que l'évoquait en mars 2006 Richard Alley, climatologiste de l'Université de Pennsylvanie, les couches de glaces semblent fondre "100 ans avant le calendrier prévu".

Une présentation faite à l'occasion du meeting d'automne de l'Union américaine de géophysique a éclairé sur les cause sousjacentes de cette fonde rapide : la glace est minée par le dessous. Discovery News a l'explication :

Le réchauffement planétaire est subtil. pendant plus d'un siècle, il a caché d'importants excès de chaleur dans les mers profondes sur l'ensemble du globe. Maintenant cette chaleur remonte à la surface au pire endroit : en Antartique.

De nouvelles analyses sur le contenu calorifique des eaux de l'ouest de la Péninsule Antartique montrent clairement une croissance exponentielle du réchauffement des eaux sous la banquise, augmentant la température de l'air, faisant fondre les glaciers et éliminant des colonies entières de pingouins.

"Dans le secteur où je travaille, on observe le plus fort accroissement de température du globe", disait l'océanographe Doug Martinson du Lamont-Doherty Earth Observatory. Martinson a collecté les données calorifique des eaux de l'océans depuis plus de 18 ans à Palmer Island, à l'ouest de la Péninsule Antartique.

"Quatre-vingt sept pourcent des glaciers alpins sont en phase de retrait." "Certaines des colonies de pingouin d'Adele ont déjà éteintes."

Martinson et ses collègues ont observé non seulement les données très précises et cartographiées de la chaleur des eaux des deux dernières décennies, mais les ont comparées avec les données schématiques du passé et les mesures du contenu calorifique des océans du globe. Tous montrent le même tendantiel d'accroissement observé en Antartique.

"Quand je l'ai vu, j'en ai eu le souffle coupé," a dit Martinson. L'accroissement le plus dramatique qui se soit produit depuis 1960, a-t-il dit.

La figure provient du Lamont-Doherty Earth Observatory (via le blog du Earth Institut de l'Université de Columbia), qui cite l'xplication de Martinson, "C'est comme si un énorme chargement d'eaux chaudes était directement livré à l'entrée principale".

Donc, pendant que le réchauffement planétaire poursuit son accroissement des températures terrestres, la planète se réchauffe du fait des émissions humaines de gaz à effet de serre, exactement à l'endroit où les clmatologues l'avaient prédit : dans les océans, là où plus de 90% du réchauffement devrait se concentrer (comme cela était évoqué dans deux articles clé de 2009 "La science sceptique explique comment nous savons que le réchauffement planétaire est en marche" - traduction à venir). Les clés de la secondes études se trouvent résummées dans les deux figures suivantes :

Contenu calorifique total de la planète de 1950 à 2003

Série temporelle du contenu calorifique moyen des océans (0-2000m), mesurée en 10^8 J/m²

Cette nouvelle découverte rend d'autant plus nécessaire l'engagement dès à présent d'actions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre car nous sommes déjà confrontés avec les effets à venir de la fonte :

Ce que l'augmentation de la température des eaux signifie, dit-il, c'est que même si l'humanité s'organisait pour stopper rapidement les émissions de gaz à effet de serre, il y a déjà trop de chaleur dans les océans pour éviter un grand nombre d'impacts, comme la fonte d'une très grande part des glaces de l'Antartique.

"Il y a de fortes chances que nous soyons engagés dans un processus de montée des eaux sur le long terme, pour une longue période".

Quant à la vitesse de la fonte des glace et leur localisation, cela reste fortement conditionné à la remontée des eaux chaudes et de leur contact avec l'épaisse couche de glace qui entoure la côte et retient les blocs issus des glaciers, les empêchant de rejoindre la mer.

Ce qui dépend, à son tour, des vents qui éloignent les eaux de surface et permettent aux eaux profondes de remonter à la surface, selon le chercheur Robert Bindschadler du Goddard Earth Science and Technology Center de la NASA et de l'Université de Baltimore-Maryland.

"Cela pourrait détruire la banquise si la chaleur y arrivait", selon Bindschadler, qui présentait lors du même meetinf ser travaux sur la fonte de la banquise de Pine Island dans l'Antartique.

Maintenant que la remontée des eaux profondes est identifées comme la cause de la fonte de la banquise, et non les eaux de fonte d'été comme cela a été considéré par le passé, la question est comment les vents vont changer du fait du réchauffement planétaire et s'ils vonts amener plus d'eaux chaudes sous la banquise.

Le réchauffement de l'Antartique de l'Ouest est plus alarmant (au moins pour ce siècle) car la banquise va y disparaître bien avant celle de l'Antartique de l'Est. Elle ne font pas seulement par le dessous, elle est de plus structurellement moins stable :

Peut-être que le fait le plus important, et le plus alarmant, concernant la Banquise de l'ouest de la Péninsule Antartique est qu'elle est fondamentalement moins stable que la banquise du Groenland car elle est majoritairement en eaux très profondes. Elle repose sur un lit rocheux qui peut se situer à deux kilomètres sous le niveau des mers. Une étude menée par la NASA en 2004 a montré que la plus part des glaciers étudiés "s'écoulaient dans la banquise sur un lit rocheux plus profond de près de deux cents mètres par rapport aux précédentes estimations, fournissant des débouchés pour des glaces terrestres plus éloignées au cas où une rupture de la banquise serait en cours". Une étude de 2002 publiée dans Science a examiné les lignes de support terreste subaquatique (là où la glace commence à flotter). Utilisant des satellites, les chercheurs ont déterminé que "le rythme de la fonte par le pied pour les grands ensembles de glaciers au niveau des lignes de support terrestre subaquatiques était nettement plus élevé que généralement considéré". Et que ce rythme de fonte est correllé avec la température des océans.

Avec le réchauffement de la Banquise de l'ouest de la Péninsule Antartique, l'ensemble de ses glaciers deviendront plus instables. Comme une importante part de la banquise est appuyée sur les fonds océaniques, la montée des eaux pourrait induire un soulèvement de la banquise, permettant à plus d'eaux chaudes, et toujours plus chaude, de passer en dessous, induisant une fonte par le dessous plus importante, plus de désintégration de la banquise, une accélération de la fonte des glaces, une hausse du niveau des mers plus important, et ainsi de suite, encore un cercle vicieux. La combinaison du réchauffement planétaire avec une accélération de la montée du niveau des océans du Groenland pourrait générer un effondrement catastrophique de la Banquise de l'ouest de la Péninsule Antartique.

Le moment d'agir est déjà passé depuis un moment, mais mieux vaut tard que jamais.