Au soir de la 18ème journée, le Paris Saint-Germain est deuxième du championnat à égalité de points avec le leader, Lille, qui compte cependant un match de retard. Les sources de satisfaction sont nombreuses et certains commencent même à parler de titre. Oui mais voilà, le match nul concédé à domicile contre Monaco (2-2) a confirmé un sentiment de plus en plus fort : ce PSG ne peut et ne sera pas champion de France.
88ème minute de jeu, samedi soir au Parc des Princes. Sessègnon perd le ballon dans le camp monégasque et reste au sol. Après quelques secondes de flottement, les joueurs de la Principauté décident de poursuivre l’action, l’arbitre ne semblant pas enclin à arrêter le jeu. Trop attentistes, les Parisiens ne peuvent que constater les dégâts au moment où Niculae récupère le ballon aux six mètres suite à un centre de Malonga. L’ancien Auxerrois ne se fait pas prier pour inscrire son premier but depuis la 5ème journée de Ligue 1 et un match nul à Marseille, permettant à son équipe d’arracher un match nul quasi inespéré (2-2). Armand et Kombouaré ont beau s’invectiver contre l’arbitre, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Une fois la colère passée, l’entraîneur kanak a d’ailleurs dédouané Monsieur Jaffredo de toute responsabilité : « Stéphane Sessegnon prend un coup, il est au sol, et l'arbitre décide de laisser continuer le jeu. C'est le seul qui décide, le but est valable. (…) On est frustrés parce qu'on attend de l'arbitre qu'il siffle, mais il a pris la bonne décision puisque Stéphane n'est pas blessé. » Aucune raison, donc, de polémiquer. En revanche, à l’issue de cette rencontre, on peut logiquement se poser la question suivante : le PSG a-t-il réellement les moyens d’être champion de France ?
Une première moitié de saison très prometteuse
Paris réalise en effet une première moitié de saison de très bonne facture. D’un point de vue comptable tout d’abord. Troisième en championnat, le PSG est qualifié pour les 16èmes de finale de l’Europa League après être sorti premier d’un groupe très compliqué (Séville, Dortmund, Karpaty, ndlr), ainsi que pour les demi-finales de la Coupe de la Ligue après avoir éliminé Lyon et Valenciennes à l’extérieur. Mais plus que les résultats bruts, c’est le jeu produit qui plaît. Avec Lille, le club de la capitale est de loin l’équipe la plus agréable à voir jouer en Ligue 1. Ces deux clubs sont les deux meilleures attaques du championnat. Simple coïncidence ? Bien sûr que non. Alors quelles sont les raisons de ce renouveau ? C’est d’abord un recrutement réussi. En signant Nenê pour environ 5 millions d’euros, Paris a réussi le gros coup du mercato estival. Déjà auteur de 13 buts en championnat et de 4 en Europa League, le Brésilien est l’homme fort de cette première partie de saison, la patte gauche qu’il manquait au PSG depuis plusieurs années. Il a d’ailleurs été élu meilleur joueur étranger du championnat. Il ne faut pas non plus oublier l’arrivée de Bodmer qui permet à Kombouaré d’avoir un deuxième système de jeu tout aussi efficace que son habituel 4-4-2 : le 4-2-3-1 dans lequel l’ancien Lyonnais se retrouve meneur de jeu, position qui lui va à merveille grâce à sa qualité de passe et à son adresse devant le but. Enfin, dernière signature, la plus surprenante, celle de Tiéné. Arrivé en provenance de Valenciennes pour 500 000 euros, l’arrière gauche ivoirien, assez convaincant, a permis à Armand de s’installer définitivement dans l’axe de la défense aux côtés de Sakho. Une réussite. Ajoutez à cela les bonnes performances de Giuly et surtout de Chantôme, tous deux proches du départ cet été, et vous obtenez une équipe très compétitive. Mais plus que les hommes, c’est le collectif qui a changé. Moins rigide que la saison passée, Kombouaré entretient désormais des rapports très privilégiés avec ses joueurs ce qui se ressent sur le terrain avec une combativité de tous les instants. Enfin, le groupe semble avoir pris confiance en lui et est beaucoup moins fragile mentalement. Auparavant, les Parisiens perdaient pied au moindre but encaissé. Aujourd’hui, ils ne s’affolent pas et retournent régulièrement des situations mal engagées.
Et pourtant…
Mais alors pourquoi le PSG ne peut-il pas être champion de France s’interrogeront certains. Tout d’abord, les Franciliens ont offert beaucoup trop de cadeaux. En ayant déjà perdu 12 points à domicile en 10 rencontres, les hommes d’Antoine Kombouaré sont dans l’obligation de réussir un très gros parcours à l’extérieur et doivent espérer que leurs adversaires directs laisseront aussi filer quelques points. C’est aussi la manière avec laquelle certains de ces points ont été perdus qui inquiète. A Lyon (2-2) et contre Monaco (2-2), Paris s’est fait rejoindre en toute fin de partie sur des erreurs individuelles plus ou moins grossières. Contre Bordeaux (1-2) et Auxerre (2-3), Paris a outrageusement dominé mais a cruellement manqué de réalisme, à l’inverse de ses adversaires qui ont marqué sur presque chacune de leurs occasions. Le réalisme, c’est aussi ce qui a manqué contre Nice (0-0) ou encore à Montpellier (1-1). Une inefficacité devant le but qui devient chronique. En effet, les deux attaquants du club de la capitale que sont Hoarau et Erding sont en panne de confiance et vendangent beaucoup. Si le premier (6 buts, 4 passes décisives) a malgré tout une influence positive dans le jeu parisien et est souvent précieux sur les phases défensives, le second (4 buts, 1 passe décisive) est vraiment au fond du trou et ce depuis de longues semaines. Une situation difficile à comprendre pour celui qui était le meilleur buteur du club lors du précédent exercice (15 buts). Difficile d’être champion de France sans un grand attaquant, ni même sans un grand gardien. Une autre interrogation concerne l’enchaînement des matches. En effet, le PSG est encore en lice dans toutes les compétitions (Championnat, Europa League, Coupe de France et Coupe de la Ligue, ndlr) et risque ainsi de jouer tous les trois jours, entraînant fatigue voire blessures. Et si pour l’instant les blessures ne sont pas légion au Camp des Loges, cela pourrait ne pas durer. Comment se comporterait le club francilien s’il était privé pour une longue période d’un ou de plusieurs de ses cadres tels que Nenê, Chantôme ou Sakho ? Enfin, alors que Paris est encensé depuis le début de la saison, Lyon et Marseille ne cessent d’être décriés. On a beaucoup critiqué les deux Olympiques sur leur jeu, mais on s’aperçoit qu’ils sont bien présents au classement : l’OL et l’OM ne comptent respectivement qu’un et trois points de retard sur le PSG. Qu’adviendra-t-il alors quand ces deux équipes auront réellement lancé leur saison ?
Malgré un bon recrutement avec l’arrivée de l’un, si ce n’est du meilleur joueur du championnat, une première moitié de saison réussie, un jeu séduisant et la naissance d’un véritable collectif, ce n’est donc pas cette année que le Paris Saint-Germain renouera avec le titre de champion de France qui lui échappe depuis maintenant 17 ans.