Malgré les heurs et malheurs de la planète financière, l’humour et l’autodérision n’ont pas déserté Wall Street : au premier anniversaire de la faillite de Lehman Brothers, la société d’investissement Headgeable.com a organisé le concours du plus gros loser de la crise. Le premier prix est un voyage à Rome, « dernier grand empire à s’être effondré sous une montagne de dettes, une monnaie dévaluée et des dépenses incontrôlées». Que le deuxième lauréat ne se sente pas floué : l’Islande et son système bancaire effondré puis rafistolé à grand renfort d’aide internationale lui tendent les bras. Le dernier heureux gagnant ira découvrir Las Vegas, ses casinos, ses hôtels de luxe, et ses saisies immobilières dont elle est la capitale.
A propos de crise immobilière, les familles surendettées et privées de leur foyer auront apprécié la vente aux enchères de maisons saisies à New York, début 2009, pendant que les nouveaux propriétaires sabraient le champagne. Ainsi, le rêve américain n’a pas été noyé dans l’océan houleux des subprime, d’autant plus qu’un nouveau type d’organisation caritative a émergé : l’opération Save the Dream parcourt les Etats-Unis pour aider les propriétaires en difficulté à renégocier leurs prêts.
A Londres, les traders infortunés se sont reconvertis : le gouvernement britannique loue leurs services gustatifs pour détecter le caviar de contrefaçon. Pendant ce temps, les banques qui les employaient jadis ne savent que faire des chefs-d’œuvre acquis en période faste. On trouve un Van Gogh chez AIG, un Wahrol chez Citigroup, et surtout plusieurs centaines de tableaux dans les réserves de la Royal Bank of Scotland, une véritable National Gallery à elle toute seule. Sous la pression du Parlement britannique, ces conservateurs de musée en herbe ont finalement accepté de rendre leur collection publique.
Sur Internet, certaines analyses de la crise ont le mérite d’être anticonformistes. Par exemple, l’astrologue et financier indien Raj Kumar Sharma est intimement convaincu que le combat entre Saturne et le Lion a mis à mal l’économie mondiale. Plus généralement, et en accord avec l’astrologie védique très influente en Inde, pourquoi les entreprises et les indices boursiers ne suivraient-ils pas scrupuleusement l’alignement des planètes ?…
Enfin, le site vesseltracker.com permet de suivre le trajet des navires de commerce grâce à un système informatique. La position du cargo est représentée par un symbole sur une carte Microsoft Virtual Earth. Mais ces images deviennent une représentation atypique de la crise : à Singapour par exemple, la carte est couverte de points orange, couleur du symbole des bateaux à l’arrêt, alors que le bleu des cargos en mouvement se fait discret. Gageons que la reprise économique fournira à tous une occupation salutaire, marins et astrologues compris.
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