Depuis le "NON" majoritaire de Maastricht 2005 puis de sa perte et fracas en le traité de Lisbonne, on me reconnaitra - du moins l'espéré-je, le droit de perdre confiance dans cette nation... Dans ces citoyen-ne-s devrais-je dire.
En politique plus que dans tout autre domaine, l'actu se suit et se ressemble.
Cinq ans, une Sarkozie et une réforme des retraites plus tard, rien n'a changé. Sinon la constance dans l'aggravement de la situation sociale du pays qui va de paire avec le désintérêt croissant de la population pour les questions politiques si j'en juge par le chiffre ahurissant des taux d'abstention. Mais ça ça s'explique.
Ça se sait un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout, la séparation de corps des citoyen-ne-s français-e-s avec leur nation est belle et bien réelle. Quand l'amour n'y est plus...
Bref, toujours est-il qu' à l'initiative du journal Politis, une pétition s'est mise à circuler demandant la tenue d'un référendum sur cette célèbre réforme. 1/5ème des parlementaires et 1/10ème de la population française sont la fourchette minima pour que le référendum soit "viable"... Mais encore faut-il que le parlement en fasse le "projet de loi" et qu'elle soit acceptée par le Président de la république.
Sauf que les choses ne sont pas aussi simples... La réforme de la Constitution de 2008 devait initier une loi dite "organique" rendant possible cette procédure. Sarko s'y était engagé dans son discours de Versailles devant le Parlement en 2008 . Il avait mandat pour ça, ça faisait partie de son programme électoral en 2007... contrairement à la réforme sur les retraites.
Or, cette loi n'a jamais été promulguée. Invalidant de fait la dite "exigence référendaire".
La question est donc de se demander pourquoi Politis? Pourquoi un journal? Qui sont les personnes morales et/ou physiques à l'origine de cette pétition..? Mais plus important encore, pourquoi n'a-t-on pas donné à cette spécificité légale organique, la dimension média qui lui était due?
N'est-il pas absurde de faire circuler une pétition sachant au départ que la non promulgation de cette loi invaliderait de fait, et la pétition et le référendum?
A titre perso, si je devais en rajouter à l'effet abrasif, je ne m'y serais pas pris autrement.
En l'état, si j'en avais les moyens constitutionnels, je demanderais qu'ils déclinent clairement leur identité dans un 1er temps... Puis je déposerais une réclamation officielle contre les auteur-e-s de cette manœuvre politicienne dont les effets sont aussi dissuasifs que le sont nos actuels gouvernants.
S'il est intolérable de voter un gouvernement qui ment, il est tout aussi intolérable de la part d'opposants fantômes d'user de la même pratique.
Simple citoyen, amateur éclairé des questions constitutionnelles, je n'admets pas que des professionnels du Droit et de la politique comme le sont ces élu-e-s aient pu commettre une telle erreur... Mais est-ce seulement une erreur ou a-t-on intentionnellement éludé un "détail" d'une telle importance?
Au cours d'une discussion informelle sur cette question avec quelques amis, la possibilité d'une stratégie a été avancée. Laquelle stratégie consisterait précisément à ramener les français-es à se ré-intéresser à la politique.
... A moyen d'une contre-vérité, demandé-je? Au moyen d'un non-dit? Exploiter une lacune culturelle n'est-il pas le propre d'un mensonge???
Quoiqu'il en soit, la VIème République se précise... LES VIèmes devrais-je dire quand on entend que de plus en plus de partis proposent des moutures partisanes, présentées comme inéluctables, par autant de candidats qui "proposent" in fine rien rien de plus que de faire du neuf avec du vieux.
... "POUR" le peuple mais à nouveau sans lui demander son avis, c'est à craindre.