Pour finir cette année 2010, un portrait atypique (une fois de plus...), celui d'Eric Babin!
Faisant parti des vieux "Briscards" du CFA BPF (Promo 2000-01), Eric écume les continents du nord au sud, du froid au chaud depuis une bonne décennie maintenant.
Baroudeur invétéré devant Saint Honoré, toujours en quête de nouveauté, de découverte mais aussi de remise en cause, il voyage au gré de ses envies à la recherche de rencontres, de cultures différentes mais aussi de panification atypique.
Nom : BABIN
Prénom : Eric
Promo : 2000
La boulangerie, après le BAC, ce n'est pas politiquement correct, aux yeux du plus grand nombre. Quelle a été la réaction de ton entourage quand tu leur as annoncé ton choix ?
J’ai la chance d’être entouré par des personnes non hermétiques aux métiers manuels en général… et, pour ne rien cacher, ce fut presque un soulagement pour certains (moi y compris…) que je trouve enfin ma voie !
France ou étranger. Quel a été ton parcours depuis la fin de ta formation en boulangerie au CFA BPF et que fais tu aujourd’hui?
Bien avant de commencer le métier, j’avais déjà le virus de la bougeotte aiguë… J’ai donc continué 6 mois dans la boulangerie où j’avais fait mon alternance puis agence de voyage, billets d’avion, départ pour la Martinique... pour quelques mois seulement.
Après cette « expérience » direction la Suède. C’est là que Margerie (ma femme aujourd'hui) a pris pour la 1ère fois son tablier de vendeuse. Depuis, nous travaillons toujours ensemble. Et comme le froid amène au chaud, c’est en Espagne que nos valises se sont posées ensuite.
Puis retour à Paris, bien déterminés que nous étions à y rester au moins 2 ans pour « souffler »… Nous n’avons tenu que 6 mois avant de nous envoler direction le Liban, qui reste, à ce jour, notre plus belle expérience professionnelle et humaine, au point d’y avoir passé presque 4 ans (et un enfant) !
Il nous manquait donc un continent méditerranéen à faire. C’est donc le Maroc qui nous a accueillis pendant cette dernière année pour l’ouverture d’une boulangerie parisienne… jusqu’à ce mois de juin.
Depuis c’est au Québec que nous nous sommes arrêtés, pour quelques temps je pense…
Tu rencontres un jeune qui hésite à devenir boulanger. Sois franc : cite les 2 avantages qui te paraissent majeurs et 2 inconvénients (y a pas de raison, y en a aussi !).
Ça m’est arrivé...
Le 1er point positif c’est le côté « éthique ». Boulanger est un métier reconnu et respecté dans notre société, contrairement à ce que disent les préjugés ! Il y a une certaine fierté naturelle à produire l’élément indispensable, parfois même principal, de notre alimentation.
L’histoire du pain est plurimillénaire et même si les conditions ont évolué, nous travaillons toujours une même matière vivante… Nous sommes des simplificateurs de glucides devant l’éternel… en toute modestie bien sûr !
Le 2ème avantage est, quant à lui, plus matériel. Chômage et boulange sont 2 opposés, un boulanger qui ne travaille pas est un boulanger en repos. De plus, le monde de la boulangerie est tellement vaste que chacun peut faire sa propre évolution selon ses propres motivations et désirs d’implications.
On peut rester ouvrier, devenir patron, travailler pour des fournisseurs, devenir consultant, responsable de production… la liste est longue !
Vivre un rythme normal ou vivre un peu en décalage (c’est parfois très instructif), même si ce n’est pas toujours évident d’avoir le choix sur ce point. J’en viens donc aux inconvénients…
L’inconvénient le plus flagrant, c’est l’adaptation aux conditions, souvent difficiles, de travail. Cela étant, on est bien moins à plaindre que nos aïeux ! Après, on s’habitue, on s’adapte ou mieux… on gère son planning ! Beaucoup moins évident lorsqu’on est à son compte.
Pour la 2ème contrainte, et parce qu’il en fallait une autre, c’est que, à mon sens et surtout à l’étranger, de plus en plus, les employeurs ne sont plus des patrons-boulangers, mais des investisseurs, loin de la réalité de la production. L’approche est parfois vraiment différente et pas toujours évidente…
Imagine : aujourd'hui, tout est à refaire. Signes-tu toujours pour la boulangerie ou changes-tu de métier ?
Si je signe ??? Bien sûr que je signe, que dis-je… je dédicace même !
Pour finir, quel est ton produit de boulangerie ou pâtisserie « chouchou » ?
LA question difficile…
Ce qui a fini de me donner le déclic pour ce métier, c’est l’odeur de croissant chaud qui sortait de cette petite boulangerie place de la Laiterie dans la Doutre à Angers… quand je partais travailler chez Valéo tôt, ou quand je rentrais du Donald’s pub tard.
Depuis, un croissant, à peine sorti du four, à s’en brûler la langue parfois (aïe)… c’est un de mes bonheurs quotidiens !
Si je te dis CFA-BPF :
6 lettres… je ne dis « pas mieux », j’avais 4 avec « INBP »!
Et surtout je dis merci !
Excellent contexte pour en apprendre un maximum.
Une très bonne formation couplée à un suivi assez unique, je pense (en témoigne ce blog !). J’ai notamment trouvé plusieurs postes (dont ce dernier à Québec) grâce aux annonces diffusées par le CFA BPF/INBP...
Le mot de la fin :
10 ans ont passé depuis mon passage à Rouen, je n’ai pas vu le temps défiler et je sais que j’ai encore beaucoup à voir et à apprendre, donc la boulangerie… ça conserve !
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d'année à tous !