Ainsi 27 ans après la premier succès électoral du Front National, à Dreux en 1983, la droite et la gauche seraient « piégées » par Marine Le Pen.
La porte-parole et sans doute future dirigeante du FN a choisi délibérément de radicaliser son propos. Elle fait appel à une rhétorique de guerre contre les musulmans qui occuperaient le territoire et, coup double, évoque le souvenir de l’Occupation et donc du nazisme.
Elle déclare, en référence aux prières musulmanes : “... Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la seconde guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler pour le coup. C’est une occupation de pans de territoire. Certes, il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais elle pèse sur les habitants.”
Ses propos ont d'autant plus de résonnance que Lyon est la ville de son concurrent Gollnisch mais aussi le symbole de l’alliance du FN avec la droite de Charles Million en 1998. Lyon est aussi la ville emblématique de la Résistance contre le nazisme.
En deux phrases, l’héritière Le Pen a ainsi marqué sa continuité avec son père dans le domaine de la transgression. Elle a aussi repris à son compte la charge du révisionnisme historique assumé qui a marqué son parti depuis 1987 et la qualification des chambre à gaz « comme détail de la 2e guerre mondiale »
Mais en même temps elle imprime sa propre marque en indiquant d’emblée qu’elle s’inscrit dans l’axe actuel de l’extrême-droite européenne qui désigne les immigrés musulmans souvent issus des anciennes colonies comme des « envahisseurs ».
Depuis le succès de l’extrême-droite suisse lors de référendum sur les minarets (voir Suisse : nouvelle victoire de l’extrême-droite. ), le modèle est partout suivi et copié.
Il faut néanmoins rappeler que Jean-Marie Le Pen a lui aussi construit ses mouvements sur la lutte contre l’immigration forcément « sauvage » et de l’ « invasion » avant de déployer ouvertement le discours négationniste et antisémite qui avait déjà cours à l’intérieur même des cercles dirigeants et parmi les militants aguerris de son parti.
En brandissant les spectres du « mondialisme » et de l’ « envahissement » Marine Le Pen poursuit la veine historique de l’extrême-droite nationaliste, celle qui a comme drapeau le cri « Dehors les métèques et les Juifs ».
L’UMP condamne bien sûr les déclarations de M.Le Pen tout en reprenant les mêmes thématiques. Ainsi le nouveau chef Copé fait de la surenchère et veut ressortir le débat sur l’identité nationale après avoir bâti sa campagne interne sur la burqa (voir Woerth, Copé et le Front National : décryptage) . Sarkozy cajole le groupe des députés dit « Droite populaire » qui fait le pont avec le Front National. Le ministre condamné pour injure raciale est toujours là, exige des préfets plus d’expulsions et soutient les policiers faussaires (voir Hortefeux doit partir ! ) .
Il faut donc se préparer.: les prochaines échéances verront, face à la gauche, un Front national offensif et rajeuni et une droite dure et xénophobe, qui se sent portée par une vague européenne. Nous l'annoncions et hélas le confirmons( Europe : une marée brune ?
Succès du Front National: quelles conséquences?)
MEMORIAL 98
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