Mercredi 15 décembre nous avions rendez-vous avec Jean-Marie Masse, le président fondateur du Hot-Club de Limoges. C’est surtout l’homme de radio de l’après-guerre qui intéressait Céleste Day Moore, jeune étudiante américaine, actuellement à Souillac pour travailler sur le fonds Sim Copans, lui aussi homme de radio.
Après avoir fait 78 tours dans une pièce et 33 dans une autre – ces milliers de disques donnent le tournis sans parler des CD - Jean-Marie a su séduire en ce jour céleste, notre jeune amie venue du berceau du blues Chicago. Il nous montre le tissu qui recouvrait la plaque de rue Buck Clayton, inaugurée en 2008 en se félicitant que Limoges soit la ville de France la plus reconnaissante aux musiciens de jazz (rue Louis Armstrong, rue Bill Coleman), ville aussi qui, sans discontinuer, diffuse le jazz en radio et en concerts depuis 63 ans. Puis au cours de la discussion, c’est l’affiche du premier concert du Hot-Club le 15 janvier 1948 avec Rex Stewart ou la publication de Jacques Canérot et Alain Carbuccia membres éminents du HCF et amis de Limoges. Bien sûr il est question de Radio Limoges et de ses débuts à la radio en 1947, du jazz pendant la guerre, des concerts du Jean-Marie Masse batteur de jazz qui a accompagné bon nombre de jazzmen américains jusqu’à la fin des années 60, de Gabriel Garvanoff, un de ses pianistes, de Swing FM qu’il a créé il y a quelques années et qui émet 24h sur 24. Céleste l’interroge sur sa venue au jazz, il évoque l’importance pour lui de Roger Blanc qui déjà en 38 diffusait du jazz à la radio sur Limoges – c’était mon tour dans les années 60 en écoutant les émissions de Jean-Marie. On parle aussi de son regret que le cinéma américain (sa deuxième passion) ne se soit pas intéressé aux musiciens de jazz. Un des animateurs du Hot-Club de Limoges, Claude-Alain Christophe, s’y intéresse puisqu’ils viennent tous les deux de corriger les épreuves d’un livre à sortir sur l’histoire du jazz à Limoges dont Jean-Marie est toujours l’homme-orchestre. Trois hommes du jazz ont compté dans son trajet : Hugues Panassié, Stanley Dance, spécialiste d’Ellington venu à Limoges en 64 – pourquoi l’ai-je loupé ? - et Johnny Simmen - que j’ai eu aussi la chance de rencontrer - mais ce qui l’étonne le plus aujourd’hui c’est la curiosité des jeunes filles pour le jazz qui lui font swinguer la barbe blanche bientôt nonagénaire. Céleste avoue être arrivée au jazz par Sidney Bechet, étonnant à son âge !
On resterait des heures sur ces sièges où se sont assis les plus grands jazzmen que Jean-Marie accueillait chez lui : Lionel Hampton, Buck Clayton, Bill Coleman,… Céleste promet de revenir avant de rejoindre les Etats-Unis.
Robert Peyrillou
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