DSK-Sarkozy, Le duel d'Alexandre Kara et Philippe Martinat

DSK-Sarkozy, Le Duel
d'Alexandre Kara et Philippe Martinat
Biographie comparative
BMax Milo (mai 2010)
288 pages
Résumé
À notre gauche, Dominique Strauss-Kahn, challenger. À notre droite, Nicolas Sarkozy, tenant du titre. A priori, tout les sépare : le style, le parcours, le réseau. Depuis 2007 les deux hommes se jaugent, le premier depuis Washington, où il a été nommé à la tête du FMI, le second depuis l'Élysée. Mais cette période de non-agression est aujourd'hui bel et bien terminée. L'incroyable opportunité d'avoir à gérer la crise financière mondiale a replacé DSK au centre du jeu pour la prochaine présidentielle. Il est l'homme politique français que l'on voit le plus sur la scène internationale et dont beaucoup de chefs d'État louent les qualités. Les auteurs affirment, sur la foi d'éléments précis, que le clash entre Strauss-Kahn et Sarkozy aura lieu en 2012.
Ce livre énumère les forces en jeu en dressant le portrait minutieux des duellistes : enfance, éducation, religion; formation, influences, mentors, femmes, premiers pas politiques, traversées du désert, méthode, amis et ennemis, zones d'ombre, manies cachées et stratégie ... Une biographie comparative qui éclaire d'un jour nouveau l'avenir de la France.
Les auteurs
Philippe Martinat couvre depuis de nombreuses années l'actualité du PS. Après avoir travaillé à La Croix-l'Événement, il est aujourd'hui l'un des responsables du service politique du Parisien-Aujourd'hui en France.
Alexandre Kara a été journaliste à Europe 1 et Paris Match. Il est aujourd'hui grand reporter à France 2 où depuis 2007 il couvre l'actualité de l'Élysée.
Mon avis
Tout d'abord,  je tiens à remercier les éditions Max Milo pour leur confiance.
Jj'ai trouvé ce livre vraiment intéressant. En Dix grands chapitres et sous la forme d'une biographie comparative, Alexandre Kara et Philippe Martinat reviennent sur les points communs entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy et les différences entre les deux hommes .
Tout d'abord leurs racines et les origines étrangères de leur famille, avec une enfance heureuse pour DSK et plutôt chaotique pour Sarkozy. Puis l'école et les études, brillantes pour DSK , dont l'intelligence et les facilités lui permirent de profiter également des plaisirs de la vie étudiante; beaucoup plus laborieuses pour Sarkozy souffrant de l'ombre de la réussite des ses deux frères aînés qui seuls avaient la reconnaissance de leur père.
Puis les auteurs reviennent sur les mentors politiques et maîtres à penser des deux hommes, qui s'apparentaient plus à des "pères" pour Sarkozy. Ensuite un petit tour du côté de leur vie privée, avec leurs  6 femmes à eux deux, (3 chacun) la dernière en date étant Anne Sainclair  pour DSK depuis une vingtaine d'années) et bien sûr Carla Bruni pour notre Président actuel, avec un rapport de séduction pour DSK , et de nécessité pour Sarkozy "jamais ans ma femme".
Puis Alexandre Kara et Philippe Martinat relatent les débuts sur la scène politique des deux hommes: va et vient électoraux pour DSK- l'expert économique qui atterrira à la Commission des Finances; quant à Sarkozy  déjà animé par une volonté tenace de percer politiquement, (qui finira par payer,) c'est au Ministère du Budget qu'il sera promu, malgré le fait qu'il fut néophyte en la matière.
Puis vient le "nerf de la guerre", l'argent , qu'il aiment tous les deux: DSK en hédoniste pour le "plaisir qu'il rend possible et la liberté qu'il procure"; Sarkozy pour des raisons sûrement plus profondes et symboliques, "le pouvoir et le symbole de la réussite"
  Ensuite un chapitre sur les aléas politiques et les affaires judiciaires  et autres trahisons qui émaillèrent leurs parcours (et les forgèrent également), intéressant sur l'éclairage qu'il apportent sur ces deux personnalités (mais trop long à résumer ici)
Sarkozy et DSK sont connus pour avoir des réseaux sans égal. Les auteurs nous ouvrent leurs portes.Pour Sarkozy, c'est à Neuilly  qu'il faut en chercher les bases (cette commune des Hauts de Seine étant unique en France par l'extrême richesse et l'influence de ses administrés), réseau qui sera symbolisé par la fameuse soirée du Fouquets le soir de son élection. Pour DSK, c'est le milieu des affaires et de l'économie qui en constitue le socle, milieu dans lequel il est "comme un poisson dans l 'eau" comme le précisent les auteurs. Mais DSK et Sarkozy  flirtent tous deux avec  la ligne jaune du mélange des genres et du clientélisme à outrance, récompensant les uns, tirant avantage des autres. Tous deux cherchant à maximiser leur tissu relationnel, mettant à profit leur épouse.Carla Bruni-Sarkozy la chanteuse et ancien mannequin a introduit son mari au sein des élites artistico-paillettes de gauche. Anne Sainclair la journaliste vedette a ouvert les portes des chaînes de télévision et des patrons de presse. Et les deux hommes, qui baignent dans les milieux de la finance, du patronat, de la communication et des people, ne font pas de la fréquentation quotidienne des philosophes une priorité"
  Puis les auteurs s'attachent auix rapports de ces hommes avec le pouvoir. DSK apparait comme un vrai faux dilettante, cultivant une distance à l'égard des figures prosaïques de la politique qui peut passer pour fe la défiance ou de la désinvolture. Et pourtant , à la tête du FMI à laquelle il fut nommé en 2007, (organisme gangrené par le conservatisme,  qu'il réussit en quelques mois à révolutionner)  c'est une main de maître qu'il lui fallut pour gérer la crise de 2008 et en limiter les dégâts. Quant à Sarkozy, il apparaît comme "un prudent velléitaire- (velléitaire dans le verbe , prudent dans l'action), dont les atouts majeurs sont le pragmatisme et l'adaptabilité qui furent paradoxalement révélés par la crise; un pragmatique "qui pratique sans scrupule un zapping idéologique en fonction de la situation et de l'état de l'opinion".

Enfin Alexandre Kara et Philippe Martinat, qui partent de l'hypothèse que l'un et l'autre seront candidats aux présidentielles de 2012, nous présentent les meilleurs ennemis des deux hommes (de Villepin pour Sarkozy et la fameuse affaire Clearstream, Martine Aubry, la première secrétaire du PS, dont on devine que les rancoeurs sont plus de l'ordre du privé que du politique)

Tout cela est bien documenté, et la structure du livre est agréable, les idées énoncées clairement et les auteurs, ouf, ne plombent pas l'ouvrage avec des redites et autres répétitions. J'ai trouvé cette lecture très plaisante et j'ai souvent eu l'impression d'être dans un roman tant le style est fluide.

Seul  petit  point négatif que je trouve à cet ouvrage,( comme à beaucoup de livres traitant de politique du reste): le parti-pris des auteurs , ici pour DSK, même s'il n'est pas clairement énoncé ; en tout cas, c'est ainsi que je l'ai ressenti.

Et pour finir un extrait de l'épilogue:

"Comme avec Dominique Strauss-Kahn, la difficulté stimule Nicolas Sarkozy. Le duel que l'on sent venir entre les deux hommes est de nature à passionner les Français. Comme ce livre le montre, ils ont des expériences communes portées par leur génération. Ils aiment tous les deux le monde de l'entreprise et des affaires, trait banal pour un responsable de droite, moins courant, hélas, pour un responsable de la gauche française. DSK comme Sarkozy aiment aussi cultiver leurs réseaux-qui sont à égalité de puissance-même s'ils ont chacun leur manière de les faire vivre et de les animer. Mais leurs différences l'emportent de loin sur leurs points de ressemblance. Sarkozy est un impulsif extraverti. DSK se présente comme plus secret réfléchi, calculateur. Si tous les deux sont de vrais pragmatiques, l'un s'accommode d'une absence de système de pensée- passant sans états d''âmes d'un discours très libéral anti-Etat à celui de la régulation- tandis que l'autre cultive une cohérence intellectuelle ancrée dans la social-démocratie. Au bout du compte, il n'est pas surprenant de les voir incarner deux choix de société presque opposés. mais si DSK l'emporte dans le domaine de la compétence économique Sarkozy possède sans doute des réserves de virtuosité politique supérieures. Rendez -vous en 2012"