La proposition d'une sénatrice chilienne d'assouplir la loi sur l'avortement provoque un débat d'opinions parmi la classe politique du pays.
La sénatrice du parti conservateur de l'UDI, Evelyn Matthei, est sur la défensive depuis qu'elle a proposé mercredi dernier de décriminaliser l'avortement thérapeutique au Chili. Sa proposition, qui est soutenue par le sénateur du parti socialiste, Fulvio Rossi, est d'autoriser l'avortement au Chili dans deux cas précis: quand la mère est en danger de mort et quand le foetus n'a aucune chance de survivre jusqu' à son terme.
Depuis le dictature militaire des années Pinochet (1973-90), le Chili est l'un des pays les plus stricts au monde concernant la prohibition de l'avortement. Même dans la capitale du pays, Santiago, il est très difficile d'avoir accès à la pilule du lendemain.
Lors de la présentation de sa proposition, Matthei a tout de suite anticipé les inquiétudes de son propre camp: " Je pense que la majorité des représentants de mon parti sont opposés à cette idée. Cependant, je crois qu'un nombre important de femmes chiliennes seront sensibles à mes propositions car cela représente une avancée de notre système actuel. La société chilienne a le droit d'ouvrir le débat sur un thème aussi complexe."
C'est la première fois qu'un membre de la droite propose d'assouplir la loi sur l'avortement. Carlos Larrain, le président du parti conservateur, estime que cette proposition ouvre les portes à la légalisation complète de l'avortement, voire même au droit à l'euthanasie, "comme le pratiquaient les nazis, les communistes et tous les régimes totalitaires. Je ne suis pas ouvert au dialogue sur ce sujet."
Autant dire que ce premier pas amorcé ne fait pas l'unanimité dans une société très imprégnée des valeurs du catholicisme.