La crise politique belge de 2007, jusqu’à aujourd’hui la plus longue de l’histoire du royaume, avait duré 189 jours. La crise actuelle « fête » précisément ce 19 décembre son 189ème jour. Le bout du tunnel est encore très loin et il n’est même pas certain qu’il soit en vue à l’horizon tant le chantier est plombé par les obstacles et les refus de part et d’autre de la frontière linguistique.
2010 n’est pas 2007
En décembre 2007, faute de mieux, un gouvernement d’urgence avait été mis en place sous la conduite de « l’homme providentiel » de l’époque – Guy Verhofstadt, l’actuel chef de groupe des Libéraux au parlement européen -, le temps de préparer le fauteuil d’Yves Leterme qui avait pourtant complètement foiré dans sa mission de formateur. Au jour d’aujourd’hui, il n’est pas question de mettre en place un gouvernement de ce type avec des pouvoirs plus étendus en matière socio-économiques. Le cabinet démissionnaire continue tant bien que mal à gérer les “affaires courantes” et cela commence à se ressentir au niveau national mais aussi international. Certains voient en cela un faux vrai moyen de pression pour faire avancer le schmilblick, mais ils risquent de bien vite déchanter.
La situation actuelle est bien différente de celle de 2007 car les élections anticipées de juin dernier ont profondément changé le paysage politique avec la plantureuse victoire en Flandre des nationalistes de la N-VA conduits par Bart De Wever et la même plantureuse victoire du PS en Wallonie-Bruxelles.
Ces deux « grands » partis - à l’échelle régionale puisqu’il n’y a plus de partis nationaux - sont au centre d’un interminable débat qui lasse de plus en plus et inquiète les marchés financiers. C’était prévu car personne n’était dupe, on n’arriverait jamais à allier l’eau et le feu. Malgré les efforts, parfois démesurés, des émissaires du Palais pour tenter d’obtenir ne fût-ce que le plus petit commun dénominateur, les deux leaders (De Wever et Di Rupo) disent toujours non aux propositions de l’autre camp qu’ils jugent imbuvables. Ceux qui suivent l’actualité politique du Belgistan et/ou les articles de ce blog, connaissent bien la situation. Je ne vais pas refaire ici l’histoire de la Saga Belgica.
Un vrai gouvernement qui reflètera le nouveau paysage politique belge n’est pas pour demain. Le bon peuple commence à renâcler et il le montre au travers de sondages. Le dernier en date, commandé à Ipsos (*) par le quotidien La Libre Belgique pour son célèbre baromètre politique trimestriel, révèle des comportements qui ne vont pas toujours dans le sens que l’on croit en suivant l’actualité politique.
L’instrumentalisation des sondages, une manie de la presse francophone
Les belgicains pur jus (dont font partie La Libre Belgique et l’ensemble de la presse francophone) se rengorgent en lisant en Une les chiffres au plan national : 39 pc des Belges seraient favorables à un retour à la Belgique unitaire sans régions ni communautés, un gros quart seulement prônerait l’élargissement des compétences aux régions et, cerise sur le gâteau, les partisans de la scission du royaume ne formeraient qu’un petit 10 pc.
La réalité de terrain est bien sûr toute autre car les chiffres nationaux ne sont qu’un beau mirage dans le paysage belge. Les différences d‘opinions sont énormes entre Wallonie-Bruxelles et la Flandre où l’on ne trouve que 20 pc favorables à la Belgique unitaire (49 pc en W-B) mais 36 pc en faveur d’une régionalisation accrue (24 pc en W-B) et 16 pc pour la scission (8 pc en W-B).
Qu’ajouter à tout cela ? L’acharnement thérapeutique permet de fuir ses responsabilités.
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(*) 2 000 personnes de plus de 18 ans interrogées entre le 26 novembre et le 10 décembre.