Cette affaire qui prend de l'importance, petit à petit, au fur et à mesure que le nombre de morts officiels augmente et que les victimes parlent, est nauséabonde avant même de devenir un scandale. Une fois encore, les mêmes (ou leurs cousins, ou leurs camarades de promotion) ont choisi de ne pas voir les signes d'une anomalie - pour le moins. Cette fois, l'impact pourrait (devrait ?) être énorme. Nous aurons tous un proche qui a pris de cette saloperie, ou un médecin qui l'a prescrit - de bonne foi.
Dans le JDD ce matin (19/12/10, page 2, "Mediator : le médicament aux 2.00 morts"), en sélectionnant quelques phrases d'un article "événement", on peut broder le paragraphe suivant:
"Les dangers de ce médicament étaient connus depuis 1998, [quand] l’agence nationale du Médicament recommandait « d’alerter sur l’utilisation non controlée d’un produit de structure amphétaminique dans un but anorexigène. ». [Pourtant] en 33 ans, le laboratoire Servier maintient n'avoir pas été alerté sur un décès. Servier, qui a engagé le plus réputé cabinet de comm' pour gérer la crise refuse de répondre aux accusations.
Une étude pronostique 2.000 morts. 145 millions de boites écoulées en France entre 1976 et 2009. 2,5 millions de Français en ont consommé - dont 500.000 depuis 2004. Plus de 60% n'étaient pas diabétiques. [Le] ministre [est] d'autant plus inquiet qu'il était en charge de la santé en 2006.
Sans l'acharnement du Docteur Frachon, le Médiator n'aurait sans doute pas été retiré du marché. Une fois de plus, la France aura été l'un des derniers pays d'Europe à retirer un produit suspect de son marché.
Six plaintes ont déjà été déposées, et « j’ai des dizaines de dossier en cours de constitution. » Le procureur a ouvert une enquête. La gendarmerie a commencé ses investigations. Depuis des semaines l'Afssaps est suspectée de connivences avec l'industrie phamarceutique en général et les laboratoires Servier en particulier, dont le fondateur a été récemment fait Grand-Croix de la Légion d'Honneur. Malgré tous les signaux, les pouvoirs publics ont maintenu le taux de remboursement maximum."
Quel impact à venir pour cette affaire dramatique et sordide, dont les victimes par centaines auraient pu pu rester silencieuses, entre les lignes de laquelle on retrouve les mêmes connivences du Fouquet’s ? Va-t'on essayer de nous faire croire que le président de la République n'aurait pas pu éviter de remettre la plus haute dictinction du pays à un monsieur qui va maintenant être accusé d'avoir gagné des centaines de millions d'euros (remboursés par la Sécu) en vendant des dizaines de millions de bouites d'un coupe-faim détourné alors que les preuves d'un problème s'accumulaient depuis des années ?
Symboles, scandale, douleur, injustice. 2009, c'était il y a à peine deux ans...
Une opinion intéressante à ce sujet de Hervé Karleskind sur MyPharma, à lire ici.