Ananas à moitié vide, ananas à moitié plein

Par Marong

Y a des jours comme ça, où on aurait mieux fait de rester chez soi à manger du riz à l'ananas.

Déjà, la journée d'hier avait été bien remplie : elle a commencé avec un concert de Noël dans un de mes lycées où j'ai dû me rendre à mes risques et périls sur une neige particulièrement glissante (mais avec de très jolies bottes). Après m'être gelée pendant 2h à écouter mes élèves jouer de divers instruments dans une église, j'ai dû courir dans mon autre lycée pour aller à une autre fête de Noël où j'ai pu assister à une pièce de théâtre que je n'avais pas lue jouée en hongrois et à laquelle je n'ai pas compris un traitre mot. Nous avons ensuite fait un quiz qui mettait en scène des élèves que je ne connaissais pas et des blagues que je ne comprenais pas avant de nous attabler pour manger des tartines de margarine. J'avais fait des étoiles au citron qui ont eu beaucoup de succès et ne m'avaient pas demandé beaucoup de travail (recette en fin de note).
Et puis, l'ami S., qui habite un petit village perdu au fond de la Hongrie et qui a raté son avion à cause de la neige qui avait retardé son train, a appelé en urgence, et il a donc fallu aller le chercher pour lui éviter de passer  la nuit à l'aéroport. En échange, il a été obligé de participer à mon entrainement de volley ball où il s'est révélé être excellent (je vais faire chasseuse de tête pour volleyeurs professionnels, j'ai un don). Ensuite, l'équipe affamée a longuement discuté pour trouver un restaurant qui ne soit pas trop loin car le froid d'hier à Budapest était terriblement mordant et marcher dans la rue était une entreprise insupportable. Finalement, même si nos commandes ont été décevantes, cette troisième mi-temps a été fort sympathique au point que j'ai raté le dernier métro et ai été obligée de prendre le bus de nuit avec S., ce qui nous a ramenés chez moi à une heure particulièrement tardive. Valise, rangement, installation, et nous voilà couchés au milieu de la nuit. Le chat n'ayant pas compris que les gens qui passent la nuit sur mon canapé souhaitent généralement dormir, a en plus insisté toute la nuit pour que S. lui gratte la tête.

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Et puis, ce matin , les ennuis ont commencé. Déjà, il a fallu se lever juste après l'aube (alors qu'on s'était couchés juste avant) pour ranger l'appartement qui va accueillir des invités pendant les vacances. J'ai lâchement exploité S. en lui faisant passer l'aspirateur, mais je n'ai pas chômé, entre lessive, vaisselle, rangement et préparation de lit propre. II neigeait à gros gros flocons quand nous sommes partis, et il a ensuite fallu marcher dans la neige avec nos valises et le chat qui hurlait dans sa boite. J'ai appris que les valises à roulettes ne roulent pas sur la neige (ceci étant certainement l'information la plus intéressante de cet article) et je ne possède pas de petits skis pour valise (mais est ce que ça existe ? A Budapest, c'est possible). J'ai donc affronté une tempête de neige pour crapahuter dans de petites ruelles pavées du III. arrondissement (et les pavés pleins de neige, ça glisse) pour déposer Mimi, livrée avec tous ses accessoires (lourds), chez une adorable collègue ultra enthousiaste à l'idée d'avoir un chat pour les deux prochaines semaines.
Je suis arrivée à l'aéroport presque à l'heure, un peu affamée parce qu'avec tout ça, je n'avais pas petit-déjeuné. Il neigeait toujours, il neigeait beaucoup, et on n'y voyait pas à 3 mètres. Et puis l'embarquement a été retardé, puis encore retardé, puis finalement tous les vols en partance de Budapest ont été annulés, et là, ça a vraiment été la zoubida dans l'aéroport, tout le monde cherchait de l'information sans en trouver. Le reste de la journée a donc consisté à faire la queue pour récupérer mes bagages, à faire la queue pour accéder au guichet Lufthansa et me faire enregistrer sur un autre vol, à faire la queue pour réserver une chambre d'hôtel. J'ai mâché du chewing-gum désespérément pour tromper mon cerveau et lui faire croire que je déjeunais, mais il est un peu plus finaud que ça et n'a pas du tout gobé la supercherie. En plus il savait que de la brandade de morue, des pommes de terres et des olives vertes cassées l'attendaient à Aix et il ne pouvait se résigner à apprécier les Orbit à la menthe. Heureusement que Magda Szabo était avec moi, ses mots peuvent adoucir n'importe quelle attente, même debout et bousculée dans une ambiance surchauffée avec annonces d'aéroport en fond. Finalement, je n'ai pas pu avoir de chambre d'hôtel car tout est pris d'assaut par les voyageurs perdus, mais j'ai réussi a avoir un billet pour demain en passant par Rome et j'ai mangé un sandwich d'aéroport (ça paraît pas comme ça mais c'était un réel extase).

Sinon, la bonne nouvelle, celle qui fait voir l'ananas à moitié plein, c'est que pour demain matin, j'ai commandé un taxi à une société qui ne parlait pas du tout anglais et j'ai tout fait en hongrois comme une grande, et j'ai compris et on m'a comprise, et c'était bien. Mais j'ai une prof excellente :)

Douze heures après mon départ de chez moi, j'ai donc retraversé Budapest en transports en commun pour rentrer dormir chez moi, en anticipant un peu cette étape (j'avais posé ma valise à roulettes devant moi, et je me suis endormie dans le métro, et à un arrêt, ma valise a traversé tout le wagon en roulant). Voilà donc une journée de perdue, ce qui est bien dommage quand on sait qu'on trouve partout en ce moment des ananas, et que c'est idéal pour réaliser une de mes recettes favorite : le riz à l'ananas.

Le riz à l'ananas est vraiment un de mes plats chinois préféré. C'est frais, copieux, original mais pas trop, et ça se marie avec tout, et même avec rien parce qu'il y a plein de choses dedans et qu'on peut donc en faire un plat unique si on veut (mais avec un poisson grillé à la citronnelle, c'est juste extraordinaire). Et puis en plus, ça rappelle le Xishuangbana, les fleurs, la pluie brulante, les citronnades maison et les pancakes à la menthe dans les Gorges du tigre.
La recette que j'ai utilisée vient du tome 1 "Everyday dishes" de la collection bilingue anglais-chinois "中国美食" excellentissime cadeau de départ de mon ancien travail. Les deux autres volumes ne valent pas grand chose, mais celui là est vraiment bien (à part les photos très kitsch, mais ça fait partie du jeu).

Pour 2 personnes en accompagnement :

- 1 ananas
- 2 bols de riz blanc froid
- 1 oeuf
- une tranche de jambon très épaisse coupée en dés
- une petite poignée de petits haricots (traduit "well-done bean" dans mon livre, mais je ne sais pas les décrire, à part que c'est vert et ça ressemble à du soja)
- sel, sauce de soja, glutamate
- 1 cs de flocons de porc frits
- 1 ciboule émincée
Décalotter l'ananas et le creuser. Couper la pulpe en petits dés et conserver le jus. Cuire l'oeuf brouillé et le mélanger dans un saladier avec le jambon en dés, le riz froid, et les morceaux d'ananas. rectifier l'assaisonnement avec le soja, le sel et le glutamate. Servir le riz dans l'ananas, saupoudré de flocons de porc frit et de ciboule chinoise émincée. Passer au four pour le manger chaud, ou déguster froid (les deux sont très bons).

Variantes de l'Ingrédient manquant : 

- Je n'ai toujours pas compris l'intérêt du glutamate, je n'en utilise jamais. Ma maman étant allergique (mais qui supporte un truc pareil ?), ça a tujours un peu été diabolisé à la maison. Aucun des Chinois à qui j'ai posé la question n'a su me dire avec quoi était fait le glutamate ni depuis quand on en utilise en cuisine. Bref, je souhaite de tout cœur que ma cuisine soit suffisamment goûteuse pour se passer d'exhausteurs de goût.
- Je me suis inspirée pour cette recette des riz à l'ananas mangés dans les divers restaurants où je suis allée en Chine (et s'il y a bien un plat dont j'ai goûté dans de multiples endroits, c'est bien le riz à l'ananas). Dans les versions goûtées, on trouvait presque toujours des noix de cajou, et bien que celles-ci me dégoutent profondément suite à une overdose, je dois reconnaître qu'elles se marient à merveille avec la douceur du riz. On trouve aussi souvent des petites crevettes bouillies, qu'il ne faut pas hésiter à associer au jambon.

- Côté flocons de porc frit, je ne vois pas bien l'intérêt et je n'aime pas trop ça, donc ne courrez pas tous les magasins asiatiques de votre ville pour en trouver si vous n'en avez pas (mais qui en a, au fait ?)

La recette bonus, c'est celle des étoiles au citron que Beau à la louche rapporte, trouvée chez Suzanne Roth.

Star wars

On me pardonnera si je copie telle quelle la recette proposée par Loukoum°°° (tiens donc, comme c'est original MaRong).
Pour 70 biscuits :
250g de farine
½ paquet de levure chimique
70g de sucre glace
1 paquet de sucre vanillé
1 pincée de sel
1 zeste de citron
1 jaune d’œuf
3 cs de crème
100g de beurre
Pour le glaçage :
125g de sucre glace
1 blanc d’œuf
1 cs de jus de citron
1 cc d’eau

Mélanger la farine et la levure, former un tas et ajouter au milieu le sucre, le sucre vanillé, le sel et le zeste de citron, la jaune d’œuf et la crème. Avec un peu de farine former un pâton. Ajouter ensuite le beurre en morceaux et former une boule de pâte. Pétrir pour bien incorporer le beurre.
Réfrigérer une trentaine de minutes pour avoir una pâte plus facile à travailler.
Préchauffer le four à 180°C
Abaisser la pâte (pas trop finement) (pour éviter qu’elle ne colle à votre rouleau, vous pouvez la recouvrir d’une feuille de papier film) et découper des biscuits à l’emporte-pièce. Les déposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé et faire cuire 10 minutes. Laisser les biscuits complètement refroidit.
Pour le glaçage : mélanger le sucre glace avec le blanc d’œuf, le jus de citron et l’eau.
Glacer les biscuits avec ce glaçage et laisser sécher.

J'ai aussi joué avec du colorant et des petites décorations pour donner un petit air de fête à ces biscuits de Noël.

Et voilà, après une journée aussi difficile, je n'ai donc pas du tout mangé cela, mais terminé une carotte oublié au fond du frigo et une boite de chocolat offerte par mes élèves. Et comme je suis très fatiguée, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de passer 3h à écrire cette note (public chéri, je t'aime). Et il ne me reste plus que 4h de sommeil avant que mon taxi hongrois ne vienne me chercher.

Joyeuses fêtes !

Oh pfiou, quelle aventure !! Magda Szabo est la seule auteure hongroise que j'ai jamais lue, mais après ça, c'est vrai que j'ai peur d'être déçue.
Bravo pour le hongrois et bon courage pour le trajet demain, je crois qu'on sera toutes les deux dans la même galère ! Ô joie. Passe de très belles fêtes, Marion. Et puis c'est décidé, je viens te voir en 2011 !