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Les nouveaux bobards de Sarkozy pour 2012

Publié le 18 décembre 2010 par Letombe
Les nouveaux bobards de Sarkozy pour 2012

La chronique de l'actualité de Nicolas Sarkozy vire aux commentaires anecdotiques. Appliquant les préceptes de ses prédécesseurs, le Monarque s'abstient de parler des sujets du moment. La précarité, le pouvoir d'achat, mêmes les déficits publics ne font plus l'objet que d'une allusion, une mention tout au plus dans le creux d'un discours. Sarkozy est comme un artiste déchu qui cherche désormais à se refaire une popularité par une tournée de province. Chaque semaine, il alterne les grandes rencontres et les petites tables rondes locales. Dans les premières, il case ses prochains G8 et G20. Dans les secondes, il rabâche les mêmes exemples et rode ses arguments pour la campagne de 2012.
Faire oublier son bilan
La tactique électorale est assez évidente. Nicolas Sarkozy cherche d'abord à faire oublier son bilan. Il disait qu'on le jugerait sur ses 5 années d'action. En fait, il se terre. Les promesses de 2007 sont oubliées. Travailler plus pour gagner plus ? On travaillera plus pour espérer gagner autant. Sa réformette des retraites fera souffrir quelques centaines de milliers de salariés modestes, car il fallait rassurer les marchés. En 2009, Sarkozy a plombé le déficit budgétaire de quelques 35 milliards d'euros de Grand Emprunt. Une belle affaire électoraliste qu'il distribue désormais à chaque tournée de province, comme cette semaine dans l'Eure pour l'industrie aérospatiale. La République irréprochable ? le Karachigate nous révèle un Sarkozy manipulateur de la justice et menaçant contre la presse. L'affaire Bettencourt nous a permis de comprendre les coulisses du Premier Cercle. Le dîner du Fouquet's le soir du 6 mai 2007 n'était que symbolique. Les vraies affaires étaient ailleurs : des donations pour l'Ump, des récompenses pour les donateurs. Le pantouflage, sous Sarkozy est assumé. Il sert les proches.  
La lutte contre l'insécurité ? ADN politique de Sarkozy, elle s'est révélée un échec complet. Avant 2007, Sarkozy avait inondé médias et opinion de lois, déplacements et incantations. Il fallut attendre 2008, puis 2009 et encore 2010 pour comprendre que ce bilan n'était qu'imposture. Sarkozy s'est planté. Maintenant, il nous fait expliquer que la délinquance a changé. Ce n'est pas de sa faute. La Loppsi II arrive à l'Assemblée pour son dernier examen, mais Sarkozy se tait. Même Brice Hortefeux n'en rajoute pas. Il ne faudrait pas enflammer l'opinion. Loppsi II légalise un espionnage et une censure sans conteste ni contrôle de nos concitoyens, mais chut !  
La France propriétaire ? Cet automne, Sarkozy a fait supprimer la défiscalisation des intérêts d'emprunt immobiliers, elle coûtait trop cher sans servir à rien. Le bouclier fiscal ? Sarkozy cherche à s'en débarrasser au plus vite sans perdre la face... Débloquer l'Europe ? Depuis la mascarade du traité de Lisbonne, en 2007/2008, Sarkozy se fait moins volontaire. Il proclame beaucoup, mais agit peu. Depuis la violente crise du printemps dernier où la Grèce échappa à la faillite, Sarkozy s'est aligné sur Merkel. Il a perdu l'initiative, et avale puis répète, sans rechigner, toutes les déclarations tonitruantes de sa collègue allemande. Ce jeudi à Bruxelles, il s'est encore couché, résigné. « L'élection présidentielle ne se gagne pas avec l'international » expliquèrent ses conseillers. Pourquoi donc s'y fatiguer ?
De 2007, ne restent que quelques mots, « réforme », « avenir », ou « inévitable ». Hier, Sarkozy était faussement volontaire. Aujourd'hui, il est hors sol.
S'afficher protecteur
Nicolas Sarkozy veut enfin devenir le président protecteur. Jusqu'au bout, il copie le François Mitterrand de 1988 victorieux contre son premier ministre Jacques Chirac. Sauf que Sarkozy n'a cohabité qu'avec lui-même ! Il s'affiche encore aux côtés des ses ministres quand il se déplace, mais rarement commente-t-il leur action. Quand il visite une usine spatiale dans l'Eure, Valérie Pécresse est avec lui, mais il ne parlera pas de l'augmentation des frais de scolarité, ni de la concurrence nouvelle que se livrent les universités devenues autonomes. Quand il parle de la médecine de proximité, les difficultés croissantes de soins, les conséquences des déremboursements éparpillés, l'augmentation du nombre de Français sans mutuelle complémentaire sont des sujets évacués du discours. Quand des humanitaires égrènent les noms des SDF décédés dans la rue depuis janvier dernier, Sarkozy laisse Benoist Apparu, son secrétaire d'Etat au Logement monter au front. Quand Wikileaks suscite l'indignation et l'agacement y compris en France au sein du gouvernement, Sarkozy ne réagit pas. Il préfère, quelques jours plus tard, le 16 décembre, recevoir 7 « figures » de l'internet, pour évoquer « ensemble la situation du secteur d'Internet et de l'économie numérique, en pleine expansion en France.» La rencontre, dévoilée en début de semaine, a bien amusé la galerie blogosphérique. Aucun blogueur politique critique n'était convié. Sarkozy promit une troisième loi Hadopi et « un conseil de l'internet.» Il faut que l'électorat comprenne : Sarkozy est à l'écoute, même de ces fichus internautes critiques. Dans 18 mois, il pourra brandir cette rencontre comme un un trophée. Enfin, il reste même à l'écart des polémiques sur le Front National. Il laisse Copé s'agiter, et ne réagit pas aux provocations de Rama Yade.
Cet exercice de prise de distance est périlleux. Mitterrand en 1988 avait la tâche plus simple, après deux années de cohabitation avec un gouvernement Chirac converti au libéralisme thatchérien. Sarkozy, lui, doit construire une rupture avec lui-même sans paraître renier ses promesses d'hier.
Pour s'afficher présidentiel, Nicolas a choisi de mettre en avant Carla. Son voyage en Inde il y a 15 jours n'était qu'une grosse opération de communication pseudo-glamour. Carla joue à Lady Di. Mercredi, Nicolas et Carla se sont exhibés en photo au milieu de 600 enfants devant l'arbre de Noël de l'Elysée. Le couple quasi-royal offrit quelques cadeaux aux heureux élus, sélectionnés, d'après la Présidence, parmi « les orphelins de militaires, sapeurs-pompiers, gendarmes ou policiers nationaux et municipaux, ainsi que des élèves des communes de Charente-Maritime et de Vendée sinistrées par Xynthia, ou de communes du Var sinistrées par les inondations du 15 juin dernier.» En coulisses, la reine Carla expliquait combien elle espère que sa fondation sera utile. Avant ce goûter de Noël, elle avait rendu visite à des enfants malades de l'hôpital de Garches, dans les Hauts-de-Seine, le fief de son « mari ». « A la fin du mandat de mon mari, j’aimerais qu’on dise que j’ai fait des choses utiles et pas seulement de la représentation ou de l’accompagnement » a-t-elle commenté. Quelle idée !
Mercredi, le conseil des ministres a validé l'absence de coup de pouce au SMIC. ce dernier ne progressera, au 1er janvier prochain, que du minimum légal soit +1,6%. Mais il faut faire social, que diable ! Même Eric Besson, désormais ministre de l'industrie, a joué le jeu. Il a annoncé, dès jeudi, une baisse de 10% du tarif social de l'électricité. Ce tarif préférentiel concerne 625 000 familles, avec des rabais de 30 à 50 % en fonction de la taille du foyer. la mesure ne coûte pas si cher : le nombre de bénéficiaires a été réduit d'un tiers en un an : ces derniers étaient encore 940 000 au 31 décembre 2009 ! 
Parler d'investissement d'avenir
Semaine après semaine, Sarkozy file sur le terrain, toujours balisé. Ce mardi, il parlait ambition spatiale en Normandie, dans l'Eure. Même son ministre de l'agriculture, ancien député du coin, l'avait accompagné. Le sujet est d'or : il associe conquête spatiale et indépendance nationale, recherches fondamentale et appliquée, innovation française et coopération européenne. La mâchoire crispée, le bras balayant parfois l'air, le doigt souvent tendu, Sarkozy égrena quelques constats connus : l'ambition spatiale de la France contribue à son indépendance nationale, pour, notamment, aider à garantir un accès autonome à l'espace. Elle est vitale pour le secteur des nouvelles technologies.
Après quelques portes ouvertes joyeusement enfoncées, Sarkozy dériva sur une attaque à peine voilée contre les opérateurs de télécommunication - vaste appellation qui regroupaient selon lui France Télécom, Free et Google -, accusés par le Monarque de rechigner à contribuer via l'impôt au financement de ces infrastructures dont ils « profitent ». On n'avait pas entendu le ministre du budget François Baroin, en septembre dernier, justifier les hausses d'impôts (TVA sur le triple play ou récente taxe dite « Google ») avec cet argument fumeux. Mais Sarkozy est ainsi, toujours à réécrire l'histoire, jusqu'à la plus récente, au gré des aléas politiques et des polémiques du moment.
Jeudi après-midi, le président français est parti à Bruxelles, pour un nouveau conseil européen. Il évita les propos « off ». On aurait pu l'interroger à nouveau sur l'affaire de Karachi. Mardi, dernier rebondissement, le parquet a sans surprise décidé de saucissonner un peu plus l'affaire. Le juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur le volet financier de l'attentat de Karachi en mai 2002 et les soupçons de corruption et de financement politique illégal, avait demandé de pouvoir étendre ses investigations à un autre contrat dit Sarawi II. En sus de la vente de 3 sous-marins au Pakistan, le gouvernement français avait conclu, en 1994, la cession de frégates à l'Arabie Saoudite. Depuis 15 jours, diverses révélations sont venues étayer le soupçon d'un financement politique plus large : les deux intermédiaires imposés par l'équipe Balladur dans la vente des sous-marins, bénéficiaient d'un commissionnement beaucoup plus substantiel sur le contrat Sarawi II, dépassant les 200 millions d'euros. En décembre 1995, un émissaire du gouvernement avait informé les autorités saoudiennes que la France avait décidé d'interrompre le versement de ces commissions qui, selon lui, ne concernaient pas l'Arabie Saoudite.
Le 6 décembre dernier, le procureur Jean-Claude Marin, celui-là même qui a provoqué un nouveau procès Clearstream, expliquait  «que ces faits nouveaux sont de nature différente de ceux instruits dans la présente information » et qu'il conviendrait d'ouvrir une enquête distincte. Ce fut chose faite mardi 14 décembre. Un autre juge sera désigné. Pour achever l'obstruction, le bureau de l'Assemblée nationale refusait mercredi de remettre au juge Marc Trévidic les documents d'enquête de la mission parlementaire sur le Karachigate. Rien ne change en Sarkofrance. L'affaire Woerth/Bettencourt, récemment délocalisée à Bordeaux, sera finalement instruite... par 6 juges différents.
Les affaires sont toujours là. Le chômage réel progresse. La précarité inquiète. Mais Sarkozy parle fusée, médecin de campagne ou pôle de compétitivité. 
Dès ce weekend, Carla et Nicolas partiront fêter Noël à Marrakech, au Maroc, une destination qu'ils affectionnent particulièrement puisqu'ils s'y étaient déjà rendu en novembre dernier. Sarkozy a raison de partir. Dans un récent et improbable sondage, 86% des Français interrogés n'ont pas envie de passer le réveillon avec lui.
Ami sarkozyste, pars-tu à Marrakech ?

Sarkofrance


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