La Chaux-de-Fonds, chaudron de libertaires helvètes

Publié le 18 décembre 2010 par Ruminances

Posté par Rémi Begouen le 18 décembre 2010

Je n’avais a priori aucune raison de connaître et m’intéresser à cette belle ville, la principale du Jura Suisse, d’ailleurs abusivement appelé ‘Jura Bernois’ (la germanophone capitale confédérale est à 70km), alors  qu’il s’agit d’une région francophone, proche culturellement du canton de Genève (60km). Mais le hasard voulu que j’avais alors un p’tit boulot à Genève (‘agent de surface’ d’un chic gymnase privé, de 5h30 à 9h30, grâce à ma jeune sœur qui y était plus tardivement prof de ‘gymnastique douce’). Il m’arriva donc, un jour d’octobre pluvieux, que j’emprunte la petite auto de ma sœur – lui promettant de la rendre à telle heure précise – et, ayant entendu à la radio qu’il faisait beau ‘là-haut’, d’y aller voir. Ça grimpe dur, jusqu’au col qui surplombe la ville. Et là, surprise désagréable : il faisait presque beau, enfin, mais le col était soudain damé de neige, la voiture y fit un tête à queue, ouf, sans heurt… Le reste fut dans la neige, allure très modérée. Deuxième surprise, agréable : j’allais me réchauffer dans un petit bistrot, au hasard d’un stationnement entre les énormes congères que font les continus déblaiements de neige. C’était un ‘repère d’anarchistes’ ! L’on sympathisa très vite, mais ne pus m’attarder bien longtemps, promis de revenir. Et l’on me donna une adresse genevoise d’anars, qui me fut très utile ! Je revins pile à l’heure, sous la neige puis la pluie, montrait à ma sœur, éberluée, les amas de neige dans les garde-boue de l’auto, lui racontait l’anecdote…

Ma seconde visite dans ce ‘haut lieu’ fut très différente. J’étais ouvrier dans un petit cirque helvète marrant (qui payait mal, au noir !), et nous y fîmes halte, 3 ou 4 jours.  Bien assez pour renouer bon contact avec des anars locaux, dont j’avais entre temps appris la longue histoire, dont voici un bref résumé :

Depuis toujours, les paysans du Jura (Suisse et Français) sont bloqués par la neige l’hiver, et développent donc, au chaud chez eux, des activités artisanales diverses à cette saison. Ils devinrent peu à peu, ainsi que leurs voisins citadins, dont surtout La Chaux-de-Fonds, ‘artisans horlogers’ (ah, les coucous suisses !) pour les firmes, genevoises ou autres, mais s’organisèrent vite et bien pour ne pas se faire exploiter… Ainsi naquit (dit-on) la tradition anarchiste spécifique locale, qui ensuite est devenue célèbre, avec les visites par exemple de Kropotkine (et Bakounine ?)… Tradition restée toujours très entreprenante !

Mes 3° et 4° visites au Jura Suisse furent encore plus imprévues, surprenantes. On sait que l’artiste n’est jamais loin de l’artisan : le réseau anar local a donc très tôt développé des activités artistiques… libertaires. Dans un très belle petite ville de la région (où mon cirque s’était arrêté), Saint-Imier, existe unCarré Noir, espace autogéré pour expos, concerts, conférences, etc

J’ignore comment mon ami nazairien Taro (de son nom d’artiste peintre et sculpteur) fut invité là-haut à exposer, mais toujours est-il qu’il m’embaucha comme ‘taxi’, pour déménager son expo, sur plus de 1000km …

Ce fut déjà très rocambolesque… mais un bon mois plus tard, il me téléphone pour le rapatrier, ce qui n’était pas prévu ! J’y retourne, arrive avec une panne de freins (ah, rouler en première dans les lacets en descente, avec une meute d’autos derrière !) mais il a fait ‘fortune’ (relative) et le garagiste local a la pièce pour réparer ! De plus, je prends plaisir à revoir La Chaux-de-Fonds, que je fais connaître à l’ami Taro !  : c’est ainsi que j’ai connu – en 4 anecdotes ! – l’existence de cette forte vitalité anarchiste du Jura, qui m’a beaucoup encouragé… Ce que j’ai donc retrouvé avec joie, via ‘virtuelles visites’ sur deux liens :

- 'Bienvenue dans le Jura libertaire'PACO sur le Post.fr

- ‘Le Jura Libertaire’ Bonne neige, et ‘A’ : artisanats, arts… anarchismes (et acharnistes) à tous ceux qui le souhaitent.