©Catherine Hédouin
©Catherine Hédouin
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...Mais ce qui, à cette heure-là rend surtout charmantes les petites calli aux vieilles maisons, ce sont les boutiques d'artisans : d'anciennes petites boutiques au plafond bas et au petit socle de pierre. Si sombres, dans la journée, que rien ou presque ne peut se voir de l'extérieur, elles forment maintenant un petit carré d'une lueur chaude, dont seul un rectangle, en bas, reste opaque. C'est contre ce socle que s'appuie la chaise du cordonnier, l'établi du menuisiser. Eux-mêmes sont là, à portée de la main, derrière ces vitres qu'on effleure en marchant. On a de la peine à ne pas s'arrêter pour leur dire bonsoir. Les passants le font, d'ailleurs, le plus souvent ; ou du moins, s'ils sont pressés, ils adressent et reçoivent un sourire. Et pourtant, l'écart entre l'ombre où l'on passe et cette chaude lueur suffit à confirmer un silence et un recueillement non entamés. On est en contact de sourire : de soupir, non. Nous sommes à Venise.Liliana Magrini, carnet vénitien.