la peur

En janvier dernier, j’étais rentrée brièvement pour la dédicace du bouquin et j’en avais profité pour faire signer la pétition contre le-débat-qui-pue avec quelques amis sur la place des puces et sur le marché. Le dimanche matin, la première madame que j’aborde me dit simplement « il y en a trop ! »

Outch !

Ça fait bizarre sur le moment.

On regrette presque de ne pas être atteint du syndrome de Gilles de la tourette pour la traiter de vieille salope.

Et si c’était plus vieux ?

C’est la question que je me pose depuis quelques jours en lisant les chiffres, opinions et billets, en regardant les vidéos de blogueurs que je suis de loin. (et oui, t’es obligé de cliquer partout parce que c’est trop intéressant).

Si tu lis ce blog depuis longtemps, tu sais déjà, petite madame, que j’en ai souvent fait des billets sur les étrangers, sur le racisme, sur mon engagement au RESF, etc…

Et je ne vais pas vous saoûler de nouveau avec ça. Seulement, on dirait que Marine Le Pen est née il y a trois semaines ! c’est hallucinant ! Que ce soit à la tv ou sur les blogs où nos amis se raccrochent au carrosse tiré par les médias, ce qui ne leur ressemble pas en général.

Il ne faut pas oublier que ces idées viennent de loin. Le FN ce n’est pas que la fille à papa et son électorat. Ça pousse dans les ventres de désespérés comme une gangrène, ça grignote sans qu’on ne s’en aperçoive le temps de cerveau disponible.

Je me rappelle après ces fameuses présidentielles où j’avais pas voté utile parce que j’ai des idéaux, j’étais partie en reportage dans un bled archi tranquille en périphérie de Montpellier où le FN avait ramassé un stock de voix impressionnant. La claque.

Les mamies racontaient qu’on « ne sait jamais, ils peuvent venir. la Paillade c’est à 15 minutes de route. » Pas une, pas deux, pas… PLEIN DE MAMIES !

J’ai l’impression que c’est entré goutte à goutte dans l’esprit des gens, peu par peu, depuis longtemps.

Jusqu’à Sarko. Comment être élu sur les idées qu’il présentait ? sur la haine ? sur le rejet de l’autre ? quand on passe plusieurs années dans les assoss entourée de gens bien, à se battre contre ça, on ne comprend juste pas.

Pendant des années, j’ai côtoyé au RESF, les même têtes, les mêmes gens extra qui se bougent, souvent engagés dans d’autres assoss, souvent déjà actifs quand j’étais ado… Ce sont toujours les mêmes personnes qui se bougent, peu de jeunes, malheureusement, et heureusement que ces petites mains de l’associatif sont là.

On est loin des égos démesurés de gens qui se prétendent de gauche et se lancent dans des combats de coqs pour leur trombine… En déplaise à ceux qui nous parlent de RDV entre un bonhomme et un peuple.

C’est avec ces comportements qu’on va encore perdre parce qu’on n’aura pas assez pensé collectif, pas assez pensé programme, pas assez pensé aux gens. Et peu importe qui sera à droite, blanche neige ou le nain.

En rentrant d’un Kremlin des blogs, je me souviens d’un conducteur de taxi me disant « J’ai peur pour cette France ! »

J’en ris encore en me rappelant de son accent.

Mais en fait, c’est pas drôle.

Moi aussi, j’ai peur pour cette France.