Hier soir, on discutait des adolescents, mine de rien à table, et ma chère mère m’a rappelé une vieille histoire m’ayant fait rougir les joues.
J’avais donc 14 ans et ma vie ressemblait à celle des gamines du film « LOL », avec un langage beaucoup plus proche du français cependant. Mes copines et moi étions jeunes et chieuses belles et suivions, ce jour, un cours de Biologie avec une prof tellement coincée de la vie qu’elle était capable de faire une crise quand une de ses élèves portait un joli vernis rose sur ses ongles – « et vos parents vous laissent faire?! Pauvre France! » (A mon avis, elle n’a pas pu passer les années 2000 et les strings debordant des jeans).
Bref, passionnées par ce cours sans fin, avec ma copine, nous décidons de nous divertir en jouant à un jeu que seuls les adolescents trouvent palpitant: le jeu de la feuille. Je m’explique: vous prenez une feuille de papier, vous écrivez une phrase, vous pliez le papier qui cache alors la phrase et écrivez le dernier mot de votre phrase en dessous afin que votre pote de table puisse à son tour écrire une belle phrase digne de Victor Hugo (mais plus souvent digne de Virginie Despentes) en partant de ce mot; au bout de 45 minutes (avant la fin du cours), vous ouvrez la feuille et lisez le tout (qui n’a absolument aucun sens) et riez comme des tordus à cause de tous les mots vulgaires et sexuels que comporte ce texte bizarre. L’adolescence quoi!
Nous étions donc en pleine rédaction quand soudain, la prof étonnée de nous voir écrire alors qu’ à priori elle se laissait aller à un discours inutile, donna l’ordre à mon amie de remettre cette fameuse feuille déjà écrite sur toute une page… Sachant ce que j’avais griffonné (indélicatesses inimaginables), je pensais fortement « Angie, bouffe cette feuille – grave -, fais tout ce que tu veux mais surtout ne la donne pas ». Malheureusement, les profs ayant, par le passé, encore une once d’autorité, Angie donna la feuille à miss cul serré Biologie; à mon grand désarroi.
Alors oui,on s’est pris 8h de colle chacune (d’un coup comme ça!) plus un entretien individuel avec tous les profs cités dans notre pamphlet diffamatoire afin de nous expliquer que nous étions proches de la délinquance… Mais tout cela restait relativement amusant jusqu’à que nos chers parents soient convoqués. Pensant avoir une petite fille studieuse et vertueuse, mes parents argumentaient déjà sur l’innocence de mes actes.
(Honte 18 ) Ils ont alors été sommés de lire nos exploits littéraires qui donnaient à peu prés ca (je censure cependant…) : « la prof n’est qu’une grosse vache se faisant mettre par le directeur…le directeur organise des par-touz avec les profs d’ailleurs… d’ailleurs mme X a vraiment eu mal au cul et aurait du se contenter de su-C mr U…. Mr U est un gros enc… ». Je me souviens encore de la chaleur sur mon visage. Imaginez la tête de ma mère sous le choc.
Ben oui, à 14 ans on est trop content d’employer plein de mots hot qu’on sait même pas ce que ca veut dire… Avec le recul, je me dis que, finalement, c’était pas si méchant d’imaginer que certaines profs aient une vie sexuelle (car à mon avis, dans la vraie vie, tous ces mots elles n’avaient fait que les entendre).
Bref totale looose jusqu’à la fin de l’année… Moi qui avait réussi à passer pour la premiere de la classe grace à mes notes pendant 14 ans, je n’ai pas eu les felicitations à la fin du trimestre…