Kno - Death Is Silent
(Akram)Kno est un type agaçant ! Vraiment agaçant, on sait toujours qu'il va utiliser les mêmes schémas dans la construction de ses beats la même
utilisation des samples, on sait avant même d'avoir lancé l'album que Kno fera du Kno.
Mais le truc avec lui, qu'on aime les CunninL' ou non, force est de constater qu'il est en passe de devenir l'un des beatmakers les plus reconnus si ce n'est le
meilleur prodo indé qui puisse exister en 2010. Il est blanc, ne dispose pas d'un charisme de fou, mais mettez le derrière un mpc et vous verrez que lui contrairement à beaucoup il dispose d'une
aura dont peu de prodo dispose en 2010.
J'avoue que les 1eres écoutes furent plutôt bonnes mais sans me marquer plus que ça, j'ai même eu peur de trop vite passer à autre chose mais la force de Kno et ce
qui a toujours été son point fort c'est que plus t'écoutes le taff accomplit sur les beats plus tu te rends compte que c'est juste énormissime.
Sur Death Is Silent personnes n'excellent au mic (exception faite de Tonedeff sur I Wish I Was Dead certainement un des meilleurs morceaux
de 2010, j'espère vraiment qu'il trouvera le temps pour nous sortir un nouveau Solo en 2011 voir même ce fameux Chico & The Man que beaucoup attendent) donc oui personnes n'excellent mais
bordel que les beats transcendent le tout, il suffit d'écouter avec attention chaque parcelle de cet album pour comprendre que Kno vit aux travers de ses beats, sa mélancolie,
ses douleurs & sa passion ressortent toutes aux fils des écoutes.
Alors oui la principale force de cet album c'est son ambiance, certaines instrues ont même cette vibe qui leurs permettraient de terminer sur l'OST d'un film de
Scorsese. La plupart des beats sont sombres, dégagent un truc indescriptible qui colle parfaitement à Kno. Il oscille en rap traditionnel et va même par moment dans des délires
quasi jamais exploré dans le rap game, on peut même dire que c'est un des prodos qui a su allier sample et trip hop avec ingéniosité (ex de Death Is Silent, la petite Morte). Puis bon un type qui
termine son skeud via une instru' épique tout en samplant NaS... Forcément ça me parle.
Alors oui j'avoue volontiers que j'ai plus écouté la version Instrumental de cet album, oui c'est certainement dommage de juger un album principalement sur
l'ambiance et les sensations qu'ils procurent, mais il faut rendre à Kno ce qui appartient à Kno. En 2010 c'est sincèrement dommage qu'aucun rappeur plus "connu" n'ait encore fait appel à ces
talents, je pense par exemple à NaS, imaginez le poser sur ces instrus soulful pleine de sample mieux sélectionné les uns que les autres ce serait tout bonnement un cadeau du ciel...
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Darwin Deez - Darwin Deez
(Ghosta) Darwin Deez est pour moi une nouvelle occasion de remercier Nova car sans mes écoutes journalières du 101.5 je serais très sûrement passée à côté de ce moustachu-chevelu-talentueux-et-fou spécimen. Véritable ovni, Darwin s'est imposé comme l'une des révélations Indie Pop de cette année 2010 et ce avec une facilité déconcertante.
Il faut bien l'avouer, NME ne s'y trompe pas à le considérer comme "totally fucking awesome", ce type au look bizarre - mais pas tant puisqu'il n'est pas sans rappeler Devandra Brendhart (qui est une icône, dois-je le rappeler) dans son attitude, dans ses influences mais pas forcément dans sa Musique - délivre un album puissant, joyeux et solide comme le béton. Là où Devandra propose une folk personnelle Darwin joue sur tous les fronts et sait captiver l'audience. Il n'est donc pas étonnant qu'il s'agisse d'un album éponyme car même si Darwin reste inconnu, on a envie de croire qu'il est dans la vraie vie tout ce qu'il est en studio.
L'album est le résultat de plusieurs expériences faîtes dans un laboratoire où tout s'y percute, s'assemble mais ne se ressemble pas, c'est hétérogène, part dans tous les sens et amène dans la même direction.
Il est impossible à quiconque de rester stoïque à l'écoute du premier single Radar Detector, véritable bombe rythmique ou bien encore Constellations qui reprend la même formule tout en étant clairement différente. Ce jeune newyorkais (Brooklyn) est la combinaison parfaite entre The Strokes (que je n'aime pas du tout pourtant), Julian Casablancas (en solo), Thom Yorke pour la folie transcendante et Devandra (le même cité plus haut) pour son côté atypique. C'est un album fort qui permet la lutte contre le bad et les coups de blues, un album des beaux jours qui respire la joie de vivre, qui a sûrement énormément tourné durant l'été et qui risque de tourner encore longtemps.
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Madlib – Medecine Show #8:
Advanced Jazz
(Raidjie) Bon je vais un peu déroger à la règle de mon top 15 en parlant ici non d'un véritable album mais plutôt d'un mix. Pourquoi donc? Et bien
en tant qu'amatrice de jazz je me devais de placer le Medecine Show #8: Advanced Jazz de Madlib dans le top de cette année. Sorti au mois de août, le Medecine Show #8
est ce que j'ai pu écouter de plus abouti niveau jazz cette année-ci, et Madlib réussit une fois de plus à faire plaisir à mes chères oreilles.
J'acclame avant tout l'effort de synthèse effectué dans ce qu'on pourra appeler un cours avancé de jazz music, Madlib s'adresse donc ici à un public plus ou moins averti du genre musical ou du moins à ceux qui cherchent à élargir leur connaissance en la matière. Dix tracks, dix musiciens mis à l'honneur et ce en 80 minutes afin de nous faire voyager à travers les années 1960, en passant de Miles Davis à Herbie Hancock, de John Coltrane à Sun-Ra.
Ce qui selon moi caractérise le travail de Madlib dans son oeuvre général s'observe nettement dans la volonté de ne rien faire d'académique, il laisse libre court à son imagination en autorisant des associations tantôt désarçonnantes, tantôt sublimes afin de nous introduire dans son univers extrêmement riche. Quelques rituels sont vites reconnaissables et on ne tarde pas à retrouver les habituels discours faisant la promotion de l'essence créative de la marijuana, d'interviews de musiciens ou bien encore de ce qui peut s'apparenter au générique d'une série de Blaxploitation; rythmant ainsi le court de cette session musicale.
La sélection de chaque track est choisie avec parcimonie et en bon professeur, Madlib fera le choix judicieux d'alterner entre le classique et l'obscur ce qui a beaucoup suscité mon intérêt puisque hormis le fait d'avoir découvert beaucoup au niveau du style des plus connus comme Miles et Coltrane, j'ai également pu m'initier à d'autres que je connaissais pas du tout comme Ranelin et Deodato.
J'ai conscience que le jazz peut sembler être un genre musical assez difficile d'accès au premier abord dans le sens où il est de moins en moins mis en avant dans la musique d'aujourd'hui ce que je trouve vraiment regrettable car prendre le temps d'écouter du jazz c'est se rendre compte de son énorme richesse et je suis sûre que chacun peut se retrouver quelque part entre le jazz traditionnel, le funk ou la fusion.