Les médias au service de la souffrance animale ?

Publié le 18 décembre 2010 par Taomugaia

J'aime beaucoup ce propos de David Joly rapporté sur le site de CV&N (Convention Vie et Nature -www.ecologie-radicale.org). Souvent, ça va sans dire que les médias appliquent servilement les desiderata des ennemis du vivant mais ça va mieux en le disant. David Joly ne m'en voudra pas de vous proposer sa réaction. 

Les médias au service de la souffrance animale ?

"La semaine du 22 au 28 novembre fut source de mécontentements pour de nombreux biocentristes, écologistes et militants en raison du feuilleton diffusé par France 2 faisant l’apologie de la chasse.
Aucun fond d’analyse, aucun recul, aucune impartialité sur le sujet (devoir premier d’un média de service public). La protestation n’a pas tardé à se mettre en place, beaucoup d’associations et d’individus interpellant le médiateur ou la rédaction de France 2, une plainte étant même déposée auprès du CSA.
De mon côté, je ne me suis pas privé d’une telle démarche et j’ai eu l’honneur d’obtenir une réponse de la rédaction de France 2. Plusieurs éléments de celle-ci m’ont fait sursauter. Je cite :
1° « L'objectif du feuilleton du 13 heures n'est pas de choquer mais de présenter des histoires à travers le quotidien de gens qui ne sont pas des enquêtes mais des tranches de vie » : France 2 commence par reconnaître que l’esprit d’analyse est le dernier de ses soucis.
2° « Par souci d'équilibre, le réalisateur du feuilleton a contacté des opposants à cette activité qui n'ont malheureusement pas donné de réponse suffisamment rapide étant donné notre urgence ». Je ne pense pas que le suivi des chasseurs se soit décidé en 24 heures ou moins. Ceux-ci ont dû être contactés plusieurs jours, voire semaines avant la réalisation du reportage. Et quand on voit la célérité de nombreuses associations s’opposant à la chasse, l’argument paraît bien léger.
3° « Nous avons veillé aussi à ce que ce reportage ne soit pas choquant et que les images ne soient pas violentes ». C’est bien connu, des individus se promenant avec des armes, des lapins se faisant littéralement pulvérisés car tirés à quelques mètres, c’est l’image même de la douceur de vivre.
4° « Les chasseurs sont un million en France. Ils représentent donc une activité de loisir importante même si elle est controversée. L'audience de ce feuilleton a d'ailleurs été très bonne ce qui prouve l'intérêt aussi de nombre de nos téléspectateurs ».France 2 a au moins l’honnêteté d’avouer l’objectif recherché : non pas le souci d’information mais le sacro-saint audimat. Et tant pis si pour cela il faut passer des sujets tape à l’œil, grossiers, pervers, barbares, à l’image des chaînes privées concurrentes.
5° « Pour conclure, ce feuilleton n'exclut pas que nous réalisions d'autres reportages sur les opposants à la chasse comme nous l'avons déjà souvent fait par le passé ». Bien sûr, des reportages sur les opposants à la chasse, on ne voit que cela depuis 15 ans !
A noter que France télévisions avait déjà consacré la chasse quelques jours auparavant à travers une émission de France 3 intitulée « Repas de familles ». Téléréalité où une famille en accueille une autre pour lui faire découvrir les spécialités de sa région, avant d’être à son tour dans le rôle de l’hôte. Ainsi le samedi 20 novembre, on pouvait admirer le chef de la famille Bouloche résidant en Sologne vanter tous les bienfaits de la chasse à l’arc, reprenant les arguments habituels du lobby cynégétique. Au final, le temps consacré par l’émission pour exposer les arguments pro-chasse, pour initier les invités au tir à l’arc sur une cible représentant un ours polaire (!!) fut aussi conséquent que celui utilisé pour le repas en lui-même et qui est censé constituer l’axe principal de l’émission.
Après cela, on se disait qu’on en avait terminé pour un petit moment. Eh bien pas du tout. La semaine suivante, c’est le CIV (centre d’information de la viande) qui prenait le relais sur les ondes de France Inter. Tous les matins, nous avons donc eu droit à plusieurs spots publicitaires où des pseudo-éleveurs vantaient les mérites et services rendus à la nature par leurs élevages. Ainsi on apprit que « les troupeaux de vaches entretiennent les pâturages, le méthane dégagé par les bovins est un gaz naturel, que la viande contient des protéines vitales pour garder la santé, que 80 % des élevages de porcs sont à taille humaine (ce qui signifie pour le CIV pas plus de 180 bêtes !)… »
Bien sûr, aucun journaliste n’a relevé le fait que les abattoirs sont de véritables camps concentrationnaires où la souffrance et la torture sont de mise avant la mort, que le méthane se trouve certes à l’état naturel mais souvent emprisonné dans le permafrost (sous-sol gelé en permanence de la Terre) et surtout qu’il est 23 fois plus polluant que le CO2, que les élevages de porcs sont à l’origine du phénomène des algues vertes mortelles en Bretagne, que l’université de Harvard a démontré que la consommation régulière de viande accentue fortement les risques de cancer et d’accidents cardio-vasculaires…
Et cerise sur le gâteau : France Inter n’a pas eu la présence d’esprit de suspendre cette campagne publicitaire lors de sa journée « spécial Haïti » où rappelons que des millions d’individus, dont beaucoup d’enfants, crèvent de faim depuis presque un an après le terrible séisme subi, puisque la communauté internationale n’a toujours pas trouvé les quelques millions nécessaires pour soulager cette population, trop occupée à sauver les banques à coups de dizaines de milliards.
La classe on vous dit… "