Étant étudiante à la faculté de lettres modernes de Cergy-Pontoise, j’ai eu l’opportunité d’être stagiaire dans une école, je fus immergée dans l’école de mon enfance. J’ai alors intégré les classes du CP au CM2, mon travail d’observation pouvait être alors comparatif. La différence des niveaux est flagrante entre les classes, dans la classe elle-même, pour pallier les difficultés d’un enfant quelle est la solution ? L’Etat prend-il de réelle mesure pour permettre à l’enfant de réussir ?
A chaque classe que je venais observer, j’imaginais quel élève était en difficulté, lequel avait un bon niveau, je me transportais dans le passé et me transposais à leur place. Les enfants participant beaucoup faisaient souvent partie de « la tête de classe », les enfants plus discrets comme je l’étais n’étaient pas précisément en difficulté, mais leur timidité pouvait leur faire défaut... J’ai observé l’évolution du niveau pour les élèves du cours préparatoire : au mois d’octobre 3 élèves savaient lire, 3 élèves avaient un niveau moyen et 15 élèves étaient en difficulté. Ces élèves sachant lire avant les autres sont le plus souvent poussés par leurs parents... C’est positif mais n’est-ce pas prématuré ? Au mois de décembre, 10 lecteurs savaient lire contre 3 auparavant, on dénote un véritable progrès, un réel travail en si peu de temps. Mais que faire des élèves restant ? Un travail acharné peut-il permettre un véritable progrès ? Certes, en fin d’année, la majorité des élèves sauront lire, mais la minorité, elle, aura des lacunes et sera handicapée durant tout son périple scolaire... Un élève de CP était en grande difficulté et ne pouvait suivre correctement les cours... Pour résoudre ce problème, il faudrait que l’enfant soit encadré par une auxiliaire spécialisée dans la psychomotricité. En attendant une reconnaissance de l’Etat, la maîtresse tente de le faire suivre, en écrivant en script ou en imprimant ses leçons avec une police plus grande. Cette négligence de l’Etat retarde l’éveil de l’enfant, son éducation est en "stand by".
L’écart des niveaux était très visible dans la classe des CE2-CM1. Cette classe est à double niveau, à partir de là il est difficile d’apporter une réelle homogénéité dans la classe. La classe de CE2 a un bon niveau tandis que la classe des CM1 est comparativement plus faible. Ensuite, au sein même de ces deux classes, des élèves sont en difficulté et d’autres ont un niveau correct... Selon moi, ces diversités trop importantes ralentissent l’avancée de la classe du point de vue de l’apprentissage. Certes, la correction des exercices se fait ensemble, ainsi que les cours d’histoire-géo, l’art plastique... Mais l’un des groupes d’enfants sera forcément brimé car l’attention de l’instituteur portera peut-être plus sur l’un que sur l’autre. Les élèves de CE2, par exemple, sont les moteurs de la classe, ainsi on peut leur porter plus d’intérêt dû à leur forte participation. D’autres aspects sont négatifs lorsque la classe est à double niveau : les enfants peuvent éprouver des difficultés dans la concentration, la compréhension. Une constatation flagrante est à dégager, les CE2 sont meilleurs, les CM1 stagnent, on en conclut qu’une classe est poussée par l’autre et l’autre est justement ralentie donc retardée dans son apprentissage. L’institutrice éprouve également des difficultés ; tous les enseignants ne sont pas capables d’alterner plusieurs activités en même temps ; l’institutrice des CE2-CM1 m’a véritablement étonnée ; malgré la difficulté, elle sait rester très professionnelle, concentrée et, surtout, garder son sang froid... Cependant, on sent tout de même une certaine fragilité dans ce procédé d’assemblage de deux niveaux (CE2 et CM1).
Ainsi par manque de professeurs et un surplus d’élèves, certaines classes sont à double niveau, ce qui ne favorise pas la scolarité de l’enfant, au contraire, elle l’handicaperait. Le gouvernement ne prend pas de mesures pour augmenter le nombre de postes d’enseignants, les enfants paient les conséquences de cette négligence. De nombreuses classes ont été supprimées comme la CLISS (Classe d’intégration scolaire) ; cette classe permettait aux enfants en grande difficulté de pallier leurs lacunes en se remettant à niveau, mais une fois de plus, par manque de professeurs, elle fut également supprimée. Cette suppression est due à un problème budgétaire, les professeurs spécialisés (comme les auxiliaires) ont un salaire plus élevé que la normale, l’aide est plus individualisée et l’effectif des classes est moindre (capacité de 15 élèves). Le gouvernement a prétexté qu’un enfant plus faible doit être intégré avec un groupe d’enfants afin de se remettre à niveau, on soupçonne plutôt un besoin de faire des économies sur le dos de nos petits écoliers. Encore une fois les victimes sont les enfants des citoyens, eux-mêmes futurs citoyens... La solution serait de s’intéresser à chaque cas, chaque niveau, chaque enfant et, par la suite, instaurer un enseignement complet, répondant à leur besoin. Cette solution demeure utopique pour certains, mais réalisable pour d’autres, il faudrait seulement augmenter le budget que propose l’Education nationale.
Par Emilie sur Agoravox