Magazine Politique
Les récents propos de Marine Le Pen affirmant « J’entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc » ont suscité un tollé autant qu'ils ont intrigué pour l'appel du pied fait aux homosexuels. Et ce, alors que dans les rangs des supporters de Bruno Gollnisch pour la prise du FN on persiffle sur la présence "d'invertis notoires" autour de la fille du chef.
Certains s'interrogent sur le risque que des gays tombent dans le piège de Marine Le Pen, question tout à fait légitime. Pour autant, je dois le dire, je suis mal à l'aise avec les réponses apportées pour contrer les amalgames de Marine Le Pen. Dire que l'homophobie est partout (ou comme les Verts avec cette épaisse langue du politiquement ridicule que "l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie sont encore très présentes dans l’ensemble de la société française") est la négation d'une certaine réalité, celle qui fait que l'homophobie n'est pas ressentie pareillement partout, et que vouloir mettre sur un même pied l'expression de l'homophobie dans le fin fond de la Dordogne et dans une cité de banlieue parisienne ne me paraît pas être une réponse vraiment appropriée. De même, l'amalgame quartier/Islam/homophobie mérite une autre réponse que celle de rappeler l'homophobie de toutes les religions ou de faire le parallèle avec les agressions "chrétiennes" du kiss-in de Notre Dame. Ces arguments répondent à côté.
L'amalgame odieux et simpliste de Marine Le Pen fait mouche, c'est bien pour cela qu'il crée le buzz. Y répondre fait appel à une pédagogie complexe qui ne peut se contenter d'un simple charabia gnangnan. Vouloir répondre à Marine Le Pen c'est affronter le paradoxe de Toqueville : une idée fausse et simple l'emportera toujours sur une idée complexe et juste.
Pourquoi le 21 avril 2002 est-il arrivé ?